Le Maroc est définitivement engagé sur la voie de la dépénalisation de la culture du cannabis, mais uniquement pour les usages légaux. Le sujet fait à nouveau débat depuis quelques jours, note le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 25 février. Certains partis politiques ont ainsi réitéré leur appel à la dépénalisation, un appel resté sans suite depuis 2013. Aujourd’hui, après un débat sur la question mené par le Conseil économique, social et environnemental, c’est le gouvernement qui prend le relai en programmant un projet de loi en ce sens pour sa réunion du jeudi.
Pour le moment, rien de concret ne filtre sur ce texte mais, estime le quotidien, en prenant les devants, le gouvernement veut mettre fin à une polémique entre les partis. Une polémique qui a même évolué en surenchères partisanes et tentatives d’utiliser la question à des fins électorales. C’est ainsi, explique le quotidien, que l’on a commencé à reparler de ce sujet il y a quelques jours, lorsque le député istiqlalien d’Al Hoceima, Noureddine Moudiane, a appelé à une amnistie générale pour les cultivateurs de cette plante, qui font actuellement l'objet de poursuites judiciaires.
Le parlementaire istiqlalien parle, à ce propos, de près de 30.000 personnes qui seraient recherchées par les autorités pour ce délit. L’appel du chef du groupe parlementaire de l’Istiqlal est jugé bien à propos, d’autant que les Nations Unies ont décidé de retirer cette plante de la liste des plantes nocives pour la santé. Partant de là, le député a appelé à la levée du caractère criminel de la culture du cannabis, conformément à cette résolution de l’ONU qui date de début décembre 2020 et est désormais en vigueur dans de nombreux pays.
Par ailleurs, lors de sa participation à un débat en visioconférence organisé par le Conseil économique, social et environnemental sur la culture du cannabis, le même député a appelé à la légalisation de la culture de cette plante. Il a également souligné la nécessité de trouver des alternatives et des solutions pour assurer une vie décente aux agriculteurs, afin de renforcer leur stabilité sociale Il a de même appelé à adopter un programme économique intégré pour les régions qui vivent de la culture du cannabis.
Au cours de cette rencontre, le parlementaire istiqlalien a par ailleurs mis en avant la nécessité d’ouvrir un débat sociétal large et responsable sur cette question. Un débat dans lequel devraient intervenir les différentes parties et acteurs concernés du gouvernement et de la société civile, aux niveaux régional et national. Et ce, afin de trouver des solutions réalistes, des mesures économiques efficaces, sociales et pragmatiques, qui mettraient fin à la souffrance des paysans.