La directrice des Archives royales, Bahija Simou, a déclaré que, sur instructions du roi Mohammed VI, l’institution qu’elle dirige est passée de l’état de simple archiviste à celui d’un véritable contributeur à la mise à jour et à la production de documents historiques, surtout ceux qui attestent de l’évolution spatiale, politique et civilisationnelle de l’Etat marocain à travers les siècles, rapporte le quotidien arabophone Assabah dans son édition du mercredi 22 février.
Dans une déclaration lors d’un forum organisé mardi 21 février par l’agence Maghreb arabe presse (MAP), Bahija Simou a affirmé que la Direction des archives royales (DAR) a été créée sur ordre du roi défunt Hassan II, en 1975, dans l’objectif de rassembler toutes les archives historiques relatives au Sahara marocain, et ce parallèlement à l’organisation de la Marche verte, cette épopée historique qui a permis de mettre, pacifiquement, fin à la colonisation espagnole dans la partie méridionale du royaume.
Depuis cette date, la DAR n’a cessé de rassembler de nombreuses archives, particulièrement celles relatives à l’existence incontestable d’un perpétuel contrat de la «béi’a», matérialisé par les correspondances régulièrement échangées par les sultans successifs du Maroc avec les tribus des provinces du sud.
Bahija Simou a précisé que les instructions du roi Mohammed VI ont contribué à la modernisation des méthodes de travail de la DAR, qui est ainsi passée ces dernières années d’un simple réceptacle d’archives à celui d’une institution dynamique constamment au diapason de l’évolution des dossiers les plus importants du pays, et ce en faisant des archives une clé de compréhension du passé et un outil-phare pour baliser l’avenir.
Ainsi, ajoute la directrice des archives royales, pour donner vie et sens à ces archives précieuses, il lui a fallu rendre visite aux grandes familles dites makhzéniennes, aux zaouiyas, mausolées, et même de consulter les archives diplomatiques afférentes dans des pays européens comme la France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, et les documents de chercheurs et historiens étrangers relatifs au Maroc.
Bahija Smou n’a pas manqué de rappeler la spécificité de la «bei’a», cet instrument juridique unique en son genre et qui a donné, historiquement et de façon permanente, sa légalité au pouvoir royal au Maroc. En effet, il s’agit d’un contrat écrit, liant les sultans du Maroc au peuple, sur la base d’obligations et devoirs mutuels précis.
Professeur universitaire d’histoire moderne, Bahija Simou n’a pas manqué de préciser que la «bei’a» n’a rien à voir avec le terme français d’«allégeance» qui sert souvent, mais faussement, à traduire cette expression typiquement marocaine. En effet, l’allégeance signifie une soumission par la contrainte à un roi-dieu, ce qui ne peut aucunement s’appliquer au Maroc où c’est le roi qui a plutôt des obligations envers le peuple. La directrice des archives royales est même allée jusqu’à demander de ne plus recourir à cette traduction qui tronque la réalité d’une pratique politique historiquement ancrée au Maroc.
C’est donc cette «bei’a» ininterrompue qui a toujours lié les tribus du Sahara aux sultans et rois alaouites, les dahirs chérifiens de nomination des caïds et magistrats dans les différentes provinces du Sahara en faisant foi, qui est la preuve irréfutable de la marocanité du Sahara, conclut Bahija Simou.