CIMEA-75 interpelle l’ONU: appel à la reconnaissance et à la réparation pour les expulsés marocains d’Algérie en 1975

Mohamed Cherfaoui, président du CIMEA.

Le 04/10/2025 à 10h30

VidéoPrès d’un demi-siècle après la «marche noire» de décembre 1975, le Collectif international de soutien aux familles d’origine marocaine expulsées d’Algérie (CIMEA-75) relance le dossier devant l’ONU. À Genève, il a présenté un rapport accablant demandant à Alger de reconnaître ses responsabilités, de restituer les biens confisqués et d’indemniser les dizaines de milliers de victimes de cette expulsion massive.

Le Collectif international de soutien aux familles d’origine marocaine expulsées d’Algérie en 1975 (CIMEA-75) a présenté à Genève un rapport détaillé devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, exhortant les autorités algériennes à reconnaître leur responsabilité historique, à présenter des excuses officielles et à indemniser les victimes de ce drame humain longtemps occulté.

Dans un entretien accordé à Le360 en marge de la remise du rapport, Mohamed Cherfaoui, président du CIMEA-75, a rappelé que le nombre des expulsés marocains a été officiellement établi à 45.000 personnes. «Ce chiffre est corroboré par les archives du Croissant-Rouge et par d’autres preuves irréfutables», a-t-il précisé. L’opération, qualifiée d’expulsions arbitraires et inhumaines, est entrée dans la mémoire collective sous le nom de «marche noire». Elle a débuté le 8 décembre 1975, soit quatre jours avant l’Aïd El-Adha, accentuant le traumatisme des familles déracinées.

Créée en 2021, l’ONG internationale CIMEA-75 s’est fixée pour mission d’obtenir justice et reconnaissance, de plaider pour la restitution des biens confisqués illégalement, et de défendre le droit des familles à l’indemnisation et au regroupement. Selon Cherfaoui, «après Genève, le collectif portera ce dossier devant le Parlement européen à Strasbourg, puis à Bruxelles, siège de l’Union européenne. Le 8 décembre prochain, à l’occasion du 50ème anniversaire de la marche noire, un événement symbolique est prévu au Parlement européen et au Conseil de l’Europe. Une rencontre d’envergure aura également lieu à Bruxelles en janvier».

Au-delà des chiffres, le rapport du CIMEA met en lumière la dimension humaine de cette tragédie. «La première scène que l’on peut décrire, a témoigné Mohamed Cherfaoui, est celle de familles brisées, séparées de force. Dans les unions mixtes, si le mari était algérien, il demeurait sur place avec les enfants, tandis que l’épouse marocaine était expulsée. À l’inverse, si l’épouse était algérienne, le mari marocain était conduit à la frontière avec ses enfants».

À l’issue de son plaidoyer, le collectif a réaffirmé trois revendications centrales: la reconnaissance officielle par l’État algérien de l’expulsion de 1975, la restitution des biens spoliés et l’octroi de réparations aux victimes et à leurs ayants droit.

Une démarche qui, selon ses initiateurs, vise non seulement à restaurer la justice pour des milliers de familles, mais aussi à rappeler que la mémoire des peuples reste une composante essentielle des relations de bon voisinage et de la réconciliation régionale.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 04/10/2025 à 10h30