Au sein du conseil communal de Rabat, la maire Asmaa Rhlalou fait manifestement l’unanimité contre elle. Qu’ils appartiennent à la majorité, composée par le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal (PI), ou à l’opposition, représentée notamment par la Fédération de la gauche démocratique (FGD), les élus contestataires jurent de continuer «à pousser au pied du mur la controversée maire, jusqu’à ce qu’elle accepte de rendre les clés».
«Le courant ne passe plus du tout entre la maire et les élus, toutes tendances confondues», a martelé Farouk El Mehdaoui, conseiller municipal de la FGD. Et pour cause, la liste des impairs commis par la maire est si longue, a-t-il affirmé, citant le procès qu’elle a récemment perdu devant le tribunal administratif, où elle s’était retrouvée pour avoir plafonné le nombre de questions écrites et interdit à la presse de filmer les débats lors des réunions du Conseil de la ville.
Farouk El Mehdaoui, avocat de profession, a indiqué qu’après ce jugement, l’ensemble des élus locaux de Rabat réclament une séance extraordinaire du conseil pour «amender le règlement intérieur» et pour «examiner» la situation de «faillite» de la SDL Rabat Parking, qui continue à recourir illégalement aux «sabots» pour immobiliser les véhicules en infraction de stationnement.
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«Selon la loi, la maire a l’obligation de réunir une session extraordinaire si les deux tiers des élus du conseil la demandent», a-t-il expliqué, reconnaissant toutefois que la destitution de la présidente du conseil ne peut intervenir qu’au terme des trois premières années de son mandat, soit à la date de septembre 2024. «Nous espérons qu’elle démissionnera avant ce délai, parce que le conseil de la ville vit dans une atmosphère électrique», a poursuivi le conseiller communal, rappelant que malgré les multiples injonctions, Asmaa Rhlalou continue à refuser toute démission.
Des budgets spécifiques pour les arrondissements
Cette ambiance délétère impacte-t-elle la marche de la ville? Le conseiller Farouk El Mehdaoui estime d’abord que «l’image de la ville en a pris un sévère coup», avant de préciser que «le budget 2024 de la ville ayant été dernièrement rejeté par les élus du conseil, un budget alternatif sera mis en place par le wali de la région de Rabat, Mohamed El Yacoubi, qui gouvernera ainsi avec une ordonnance». Selon le militant de la FGD, les cinq arrondissements de la ville auront donc des budgets spécifiques pour continuer à fonctionner. De leur côté, les élus du RNI estiment que le sort d’Asmaa Rhlalou a bien été fixé par Aziz Akhannouch, le président du parti, lorsqu’il avait explicitement proposé un changement de la présidence du conseil de Rabat, pour que la formation de la Colombe éviter de perdre le pouvoir dans la capitale.