La police et la gendarmerie se sont jointes à la douane pour mener une véritable guerre contre les fausses factures. L'objectif étant d’endiguer le fléau de la contrebande qui ne cesse de prendre de l’ampleur. C'est ce qui ressort d'une réunion de haut niveau à laquelle ont pris part notamment le directeur général de la DGSN, Abdellatif Hammouchi, le commandant de la gendarmerie et général de corps d'armée Hosni Benslimane et le directeur général de l'Administration des douanes et des impôts indirects, affirme le journal Al Massae dans son édition des 27 et 28 août.
La gendarmerie et la police entendent ainsi sévir contre les mafias et les barons de contrebande qui ont l'habitude de produire de fausses factures pour échapper au paiement des droits de douane lors des contrôles.
Pour ce faire, ils usent de plusieurs stratagèmes pour duper les services de contrôle douanier. Ainsi, affirme le journal, les résultats des investigations menées sur le terrain et exposés au cours de cette réunion montrent que les importateurs déclarent souvent leurs marchandises sous le régime des admissions temporaires (les AT dans le jargon professionnel) et, au lieu de les réexporter comme l’impose la loi, ils les écoulent sur le marché local.
Concrètement, les produits importés sous ce régime sont normalement des produits semi-finis qui, après leur finition, sont réexportés vers les pays d'origine. L'exemple le plus fréquent concerne les tissus, importés en AT, confectionnés dans les ateliers de textile et réexportés après sous forme de produits finis. Les droits d'importation ne sont pas exigés dans ce cas, mais le tissu importé doit être réexporté dans sa totalité après déduction des rebuts et des chutes.
Les barons de la contrebande ont également recours à une autre astuce, avec la complicité des réseaux espagnols. Ils importent des produits haut de gamme des pays tiers et font établir des factures en Espagne en les présentant comme des marchandises «ordinaires» en provenance de ce pays avant de les faire entrer au Maroc.
Selon des sources citées par le journal, cette opération de contrôle menée conjointement par la police et la gendarmerie avec la Douane, concernera des importateurs actifs dans plusieurs domaines: électroménager, textile et habillement, fruits... L'opération vise à s'assurer si ces importateurs ont vraiment payé les droits de douane exigibles pour l'importation de leurs marchandises.
Sur le plan opérationnel, les responsables des trois institutions ont décidé de mettre en place des barrages judiciaires sur différents axes routiers. Certains axes connus pour être des passages réguliers des marchandises de contrebande ou sous déclarée seront privilégiés.
A peine mise en œuvre cette opération coup de force qui vise à éradiquer, sinon réduire sensiblement, le fléau de contrebande dont le Maroc est devenu une plate-forme internationale, a donné premiers résultats. Quatre camions semi-remorques ont ainsi été appréhendés, récemment, à Ben Guérir. Le contrôle à permis à la brigade mixte composée des éléments des trois corps de découvrir qu'ils transportaient plusieurs tonnes de vêtements de grandes marques contrefaits qui devaient être acheminés vers Casablanca et Rabat.
Après enquête, il s'est avéré que ce chargement de vêtements, derrière lequel se trouvait un réseau de trafic de contrebande, a été introduit via les frontières maroco-mauritaniennes. Une saisie qui intervient au moment où cette zone de Guerguerate connaît une vase opération d’assainissement et de contrôle.