En une semaine, 1.676 personnes ont été contaminées au Covid-19 dans la région Casablanca-Settat. C’est un chiffre très alarmant et qui montre, si besoin en est, que le coronavirus se propage, plus que jamais, parmi la population. Le record des infections dans la région la plus peuplée du Royaume a été atteint, vendredi 31 juillet, avec 342 cas en 24 heures. Il ne faudrait pas s’étonner qu’on en soit arrivé à ce stade inédit de propagation du virus. Le relâchement se constate partout: dans les rues, dans les transports en commun, sur les marchés, dans les cafés, les restaurants, les lieux de travail, les hammams…
En dépit de l’obligation du port du masque de protection, instaurée par le ministère de l’Intérieur, de nombreuses personnes se promènent dans les rues sans bavette. Les accolades sont de retour et les plages sont bondées malgré le coronavirus. On a eu tort de laisser croire que le déconfinement pouvait signifier que le virus était vaincu. Le virus n’a pas été vaincu. Il a même été rendu plus fort.
Qui est responsable de cette démission dangereuse devant le Covid-19? Certes la population a sa part de responsabilité, mais les autorités publiques ont failli à leur mission de juguler le virus. Deux départements sont directement concernés par cet échec: le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Santé.
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Ces deux ministères ont annoncé dimanche 26 juillet l’interdiction de se déplacer de et vers huit villes, dont Casablanca. Ce qui a créé un chaos inédit sur les routes. Les autorités n’ont visiblement pas anticipé les départs massifs des automobilistes lors de cette journée, baptisée «la grande évasion », et ont laissé faire Autoroutes du Maroc (ADM), une société dont le directeur devrait être démis de ses fonctions, qui n’a pas levé les barrières aux postes de péage, créant ainsi les plus grands embouteillages de l’histoire du Maroc.
Pire que cela, l’interdiction de circuler entre les villes n’a pas été respectée. Le360 a appris de sources bien informées que 40.000 personnes ont quitté Casablanca à partir de la gare routière Oulad Ziane, après l’entrée en vigueur de l’interdiction de quitter cette ville. Cette gare routière a été prise d’assaut dans les heures qui ont suivi l’annonce surprise interdisant les déplacements de et vers huit villes.
Plus surprenant, le lendemain, la gare routière Oulad Ziane n’était pas fermée. Et même quand les autorités ont décidé de la fermer, les cars continuaient de prendre des passagers sur l’esplanade sans que le Wali de la région de Casablanca-Settat, Saïd Ahmidouch, ne mette un terme à ce mouvement.
Résultat: 40.000 personnes ont quitté Casablanca à bord de bus, à 100% de leur capacité. Ces personnes se sont déplacées majoritairement vers le sud, en milieu rural. Elles risquent d’implanter le virus dans des villages, dans des zones montagneuses, qui étaient jusque-là épargnées. A côté des déplacements par bus, des milliers de personnes ont quitté Casablanca à bord de voitures, passant outre l’interdiction des ministères de l’Intérieur et de la Santé.
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Le non-respect du port du masque et les déplacements massifs montrent qu’il existe une défaillance dans la gestion de l’épidémie dans la région la plus peuplée au Maroc (20% de la population marocaine) et le poumon économique du pays. Cette défaillance peut virer à la catastrophe si rien n’est entrepris urgemment par les ministères de l’Intérieur et de la Santé qui doivent reprendre en main la situation.
Les graves dysfonctionnements de ces derniers jours ont ruiné tous les efforts et les acquis qui ont prévalu lors du confinement.
Nous subissons la déferlante d’une deuxième vague à Casablanca qui aurait pu être évitée si les autorités avaient géré avec moins de désinvolture le dossier. Les jours à venir vont être décisifs, autant pour la protection de la santé des citoyens que pour la relance de l’économie. Il faut sauver Casablanca avant que la situation ne devienne intenable.