C’est la panique dans les milieux de la magistrature à Tanger, après qu’une lettre dont l’origine reste pour le moment inconnue a interpellé les responsables du ministère de la Justice ainsi que ceux du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, révèle Assabah dans son édition de ce mardi 30 octobre.
La missive mystérieuse donne tellement de détails sur certaines affaires traitées au niveau de la juridiction d’appel de la ville, ainsi que les personnes impliquées dont des juges, des avocats et même des «samsars» (intermédiaires). Ladite missive n’a pas laissé indifférentes les autorités judiciaires qui ont transmis le document à la Cour d’appel de Tanger pour examiner le contenu dont l’expéditeur semble bien informé de ce qui se déroule dans les couloirs et les salles de cette institution.
Même si, en principe, il n’est tenu compte que des dénonciations dont l’origine est établie, les autorités judiciaires ont estimé qu’au vu de la précision des détails fournis ainsi que de la gravité des faits dénoncés, il importe d’ouvrir une enquête pour mettre la lumière sur cette affaire, explique le journal arabophone, ajoutant que le suivi et le contrôle des juges ne font plus partie des compétences du ministère.
La lettre décrit avec précision le déroulement peu orthodoxe de plusieurs affaires avec la complicité d’intermédiaires et la complaisance de juges peu regardant, poursuit le journal. Les protagonistes ainsi que les juges et les anomalies qui ont entaché les procédures, tout y est avec une précision de greffier.
Mieux encore, les autorités judiciaires de Tanger ont entre les mains la liste de 40 «samsars» avec leurs numéros de téléphone mobile, elles peuvent, dit le journal, recouper nombre d’appels croisés suscitant des interrogations.
En attendant les résultats de l’enquête en cours, le microcosme de la magistrature tangéroise est sur le qui-vive, se demandant quel scandale va révéler cette lettre explosive.
S’exprimant récemment à propos de l’assainissement de la machine judiciaire, Mustapha Fares, président-délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, a rappelé haut et fort qu’il n’est plus acceptable de fermer les yeux sur quiconque voulant faire dévier le cours légal des affaires judiciaires à son profit, laissant entendre que des initiatives pouvant aider à neutraliser les coupables sont les bienvenues, note le journal.