Le parti islamiste cultive un paradoxe pour le moins étonnant. Il se dit à la fois contre la corruption et en fait même un credo et son principal argument électoral. En même temps, il fait l’impossible pour soutenir ceux de ses membres qui sont poursuivis en justice pour soupçon de corruption. Dans une initiative qui ne peut être qualifiée que de tentative d’influencer le cours de la justice, le PJD vient d’annoncer tout son soutien à ses membres poursuivis pour corruption dans le cadre de leur mission de gestion des affaires locales, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 12 octobre.
C’est ainsi, poursuit le quotidien, que la commission centrale du parti chargée du suivi des procès intentés aux présidents des collectivités territoriales a décidé d'apporter tout son soutien aux édiles et autres élus locaux concernés. La commission, qui s’est réunie mercredi dernier, a examiné, à l'occasion, un rapport circonstancié reprenant tous les cas des élus PJD actuellement poursuivis en justice. Elle a, en conséquence, décidé d'apporter tout l'appui du parti aux «frères» qui se trouvent dans cette situation.
Le quotidien rappelle que de nombreux élus et responsables locaux du PJD font actuellement l'objet de poursuites judiciaires pour mauvaise gestion et dilapidation des deniers publics. Un grand nombre d'entre eux risquent la révocation à l'issue de leur procès. Certains risquent, en plus, des poursuites pénales devant les tribunaux compétents pour crimes financiers. Ces poursuites judiciaires, ajoute le quotidien, ont été engagées sur la base des rapports rédigés à l’issue des missions d’inspection menées par l’IGAT.
Entre autres membres du PJD poursuivis par la justice, le quotidien cite le cas du maire de Marrakech, Larbi Belkaid, également député, ainsi que de son adjoint, poursuivis pour avoir lancé des marchés publics pour un montant de près de 280 millions de dirhams sans avoir respecté les procédures légales. Et, d'après le quotidien, ce n'est pas un hasard si le PJD a pris cette décision juste après que le tribunal a fixé une date pour la première séance d’interrogatoire approfondi des deux responsables de la ville ocre. Ces derniers sont, en effet, appelés à comparaître devant le juge d'instruction, le 14 octobre.
D'autres responsables, y compris des dirigeants du parti, sont également concernés. Al Ahdath Al Maghribia parle ainsi du président de la Région de Draâ-Tafilalet, l'ancien ministre El Habib Choubani, qui a été entendu par la police judiciaire de Fès, le 21 juillet, également dans le cadre d'une affaire de mauvaise gestion et de dilapidation des biens publics. C'est également le cas de Jamal Filali, président du conseil communal de Sefrou, qui vient, lui, aussi d'être entendu, mercredi, par le juge d'instruction, près la Cour d'appel de Fès chargée des crimes financiers. Il est poursuivi avec trois autres individus en état de liberté provisoire pour dilapidation des deniers publics et pour avoir lancé des marchés publics dans des circonstances douteuses.