De nouveaux rebondissements dans l’affaire Mohamed Moubdiî

Mohamed Moubdiî, ancien ministre.

Revue de presseLa procès de l’ancien parlementaire et l’ex-ministre se poursuit devant la Cour d’appel de Casablanca. L’interrogatoire de l’un des accusés, un technicien de la commune de Fkih Ben Salah, a confirmé des cas de détournement de fonds publics. Une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 09/04/2025 à 20h47

À mesure que les audiences se poursuivent, le procès de l’ex-ministre, ancien député et ancien président de la commune de Fkih Ben Salah, va de surprise en surprise.

Les déclarations d’un technicien de la commune révèlent, entre autres, que certains produits et services étaient facturés à la commune au double de leur prix réel sur le marché.

C’est ainsi, relaie Assabah dans sa livraison du jeudi 10 avril, qu’après avoir achevé, lors des précédentes audiences, l’examen, dans son aspect formel, du dossier des dysfonctionnements constatés dans la gestion de la commune de Fkih Ben Salah, présidée à l’époque par Mohamed Moubdiî, la chambre pénale près la Cour d’appel de Casablanca a entamé, mardi, l’examen du fond de l’affaire. Et ce, en procédant à l’audition des accusés.

L’audience a débuté avec l’interrogatoire d’un technicien de la commune, qui a dû faire face à un flot de questions.

Il s’agit particulièrement de questions sur l’augmentation des prix déclarés des matériaux de construction, la comptabilisation des travaux non réalisés, le gonflement des factures, ainsi que sur l’entité dont il recevait ses instructions, précise le quotidien.

L’accusé a entrepris de répondre à ces questions en affirmant d’abord qu’il recevait ses directives de Mohamed Moubdiî, président du Conseil communal et donc son supérieur hiérarchique.

Il a précisé que cela avait lieu lors des réunions consacrées aux travaux ou lors de la fixation des priorités, des rues et des ruelles qui vont faire l’objet de réfection ou d’entretien.

Concernant le gonflement des prix unitaires des matériaux de construction déclarés, le technicien communal a indiqué que cela ne relevait pas de compétences.

La responsabilité, dit-il, incombe au bureau d’études, qui dispose à son service de nombreux ingénieurs.

Il a insisté sur le fait qu’il n’était qu’un technicien, et non un chef de service, et qu’il n’avait aucun pouvoir décisionnel.

L’accusé, poursuit Assabah, a ajouté que ses attributions n’avaient rien à voir avec les cahiers des charges et le contrôle, et qu’il n’avait aucun lien avec les documents relatifs aux prix présentés par le tribunal. Lesquels documents, précise le quotidien, «révélaient une révision à la hausse des tarifs atteignant 100%».

La réponse de l’accusé sur ses compétences n’a pas convaincu le magistrat qui l’interrogeait. «Des dizaines de techniciens sont passés devant nous et nous ont affirmé que le contrôle faisait partie du travail des techniciens au sein de la commune. C’est la première fois que j’entends dire que ce travail ne relève pas de leurs compétences», a notamment affirmé le magistrat, rapporte le quotidien.

Parmi les points qui ont suscité des débats au cours de la séance, souligne Assabah, figurait celui relatif à «l’exagération des factures pour les travaux sur les terrains rocheux, facturés à 200 dirhams par mètre cube, alors que d’autres contrats similaires étaient facturés à 50 dirhams, au moment où leur coût réel ne dépasse pas 20 dirhams».

Partant, l’accusé a continué à rejeter la faute sur le bureau d’études. Le tribunal a ensuite examiné un contrat relatif aux travaux de l’une des rues de la ville, attribué à une société alors que les travaux ont été réalisés par une autre entreprise. Cela bien que les documents soumis indiquent que chaque société avait effectué les travaux à des étapes et des dates différentes.

Au cours de l’audition, le technicien a présenté plusieurs documents que sa défense a jugé nécessaires d’examiner, en raison de leur caractère technique.

Son avocat a demandé au juge un délai pour les étudier. Une requête acceptée par la Cour, qui a fixé la prochaine audience au 24 avril courant.

Par Amyne Asmlal
Le 09/04/2025 à 20h47

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C’est le même modus operandi qu’on a adopté dans toutes les communes et départements publics, pendant des années. Ce qui explique l’enrichissement illicite de plusieurs politiciens et chefs de services relevant de différents ministères. Et ce, que ce soit au niveau régional, provincial ou communal. Dans toutes ces affaires de détournements de fonds publics et de corruption à grande échelle, il y a le rôle central que jouent les bureaux d’études. Ces derniers, même quand ils se présentent sous différentes facettes, sont soutenus par une petite poignée de firmes aux bras longs et exerçant un contrôle total sur presque tous les appels d’offre dépassant certains montants. Principalement ceux qui sont émis dans le cadre de gros projets d’infrastructures urbaines ou d’aménagement du territoire.

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