Cette position a été exprimée à travers d’une motion signée par 37 sénateurs et 14 députés fédéraux et adressée au ministre brésilien des Relations extérieures, Mauro Vieira. Cette motion est d’autant plus importante qu’elle est soutenue par l’ensemble du spectre politique brésilien, notamment les chefs de file de la majorité dans les deux chambres du Congrès, respectivement le sénateur Jacques Wagner et le député Carlos Bacelar.
«Nous sommes convaincus que le moment est opportun pour transformer la relation entre nos deux pays en un partenariat stratégique multiforme, qui soit à l’avant-garde d’une nouvelle corrélation géo-économique entre les deux rives de l’Atlantique Sud, servant de modèle à la nouvelle ambition que le Brésil veut mettre en œuvre avec l’Afrique», lit-on dans la motion.
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Les signataires affirment que cet appel lancé en faveur d’un partenariat stratégique consolidé avec le Royaume est «justifié par la position compétitive du Maroc dans la logistique maritime et aérienne internationale, basée sur la promotion d’un réseau complexe d’accords de libre-échange», faisant observer que le Maroc «est de plus en plus attractif en matière d’investissements internationaux, en particulier dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et des énergies renouvelables».
Aux yeux des signataires de la motion, initiée par le groupe d’amitié Brésil-Maroc au Congrès brésilien, présidé par le sénateur Hiran Gonçalves, cette dynamique du Royaume se reflète également dans la sphère diplomatique, puisque le Maroc a organisé divers événements internationaux, dont la COP22 en 2016, l’Alliance des civilisations en 2022 et les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale en 2023.
Notant que le Maroc va attirer cette année plus de 13 millions de touristes, les signataires de la motion n’ont pas manqué de souligner qu’en 2030, le Maroc accueillera, avec l’Espagne et le Portugal, la Coupe du monde de football 2030.
La motion souligne également que le volume du commerce bilatéral entre le Brésil et le Maroc en 2022 a dépassé les 3 milliards de dollars, soit le double du montant des échanges commerciaux entre les deux pays, enregistré en 2017.
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De même, ajoute-t-on dans le même document, les entreprises brésiliennes de l’industrie de la défense négocient des projets très prometteurs avec le Maroc et l’Office chérifien des phosphates (OCP) s’est engagé à construire des usines d’engrais dans le nord du Brésil.
Dans le même ordre d’idées, la compagnie de construction aéronautique brésilienne Embraer négocie des contrats ambitieux avec des compagnies aériennes marocaines et la société marocaine Green Energy Park (GEP) vient de signer une lettre d’intention avec l’État de Piaui (nord-est) pour construire un parc d’hydrogène vert, doté d’un investissement de 50 milliards de réals afin de produire dans un premier temps 5 GW d’ammoniac vert par an.
Sur un autre registre, la compagnie Royal Air Maroc s’apprête à reprendre la liaison Casablanca-Sao Paulo et l’Office national marocain du tourisme (ONMT) ouvrira en janvier 2024 un bureau commercial à Sao Paulo, ce qui permettra d’augmenter les flux touristiques entre les deux pays.
Par ailleurs, le cadre juridique entre les deux pays «se développe rapidement pour couvrir des secteurs clés tels que la défense nationale, la facilitation des investissements, la coopération judiciaire en matière civile et pénale, la protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, la coopération douanière et la non-double imposition».
De même, la coopération technique Brésil-Maroc couvre des domaines vitaux tels que le climat, l’océanographie, l’hydrogène vert, le e-gouvernement et la recherche agricole. «Dans la sphère multilatérale, note la motion, la convergence entre les diplomaties brésilienne et marocaine s’exprime dans les forums multilatéraux, principalement sur les thèmes du changement climatique et de la biodiversité, des droits de l’Homme et du commerce international».
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Abordant l’avenir de ce partenariat entre le Maroc et le Brésil, les signataires de la motion estiment qu’il doit s’articuler autour de quatre piliers fondamentaux. Premièrement, la sécurité alimentaire, avec la présence de l’OCP au Brésil, qui n’est pas seulement commerciale, mais comporte un double volet industriel et scientifique afin de faire avancer la recherche agricole. À ce propos, les exportations brésiliennes de produits agricoles ont dépassé l’année dernière 1,2 milliard de dollars, soit le double une année auparavant.
La motion fait observer qu’au-delà du Maroc, l’agro-industrie brésilienne pourra étendre ses exportations à d’autres pays avec lesquels le Maroc a conclu des accords de libre-échange (Union européenne, États-Unis, pays du Golfe, Afrique).
Deuxièmement, la connectivité maritime. La motion note à ce sujet que le port de Tanger Med se positionne comme un hub logistique très compétitif pour l’agro-industrie brésilienne. Il offre une plate-forme logistique reliée à 183 ports dans le monde, avec une capacité de traitement de neuf millions de tonnes.
Troisièmement, la synergie Maroc-Brésil-Afrique. Dans ce domaine, le Maroc a développé une stratégie multiforme en Afrique. Outre le gazoduc Maroc-Nigeria, la sécurité alimentaire occupe une place centrale dans la politique africaine du Maroc, grâce aux investissements de l’OCP dans plusieurs pays africains.
Quatrièmement, l’Atlantique Sud, qui est un espace géopolitique qui «offre de grandes opportunités commerciales, logistiques et économiques». À cet égard, «le Brésil et le Maroc, avec des côtes respectivement de 7400 km et 2900 km, ont le potentiel de promouvoir leur propre identité stratégique pour l’Atlantique Sud, en abordant simultanément les questions de la sécurité, la connectivité maritime, l’économie océanique et la pêche durable», conclut la motion des sénateurs et des députés brésiliens.