Malgré le blocus imposé aux médias et le talonnement de toute initiative syndicale ou concernant les droits de l'Homme, la poigne de fer du régime militaire algérien continue de se resserrer cruellement sur les citoyens. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 17 janvier, que cette répression vise particulièrement ceux qui ont participé au Hirak. Lequel hirak est devenu une obsession chronique pour les généraux algériens. La phobie de ce grand mouvement contestataire a poussé les services de sécurité de la wilaya de Bejaia à retirer les passeports de nombreux activistes et défenseurs des droits de l’Homme. Cette campagne d’intimidation, accompagnée d'arrestations, a provoqué une vague de mécontentement et d’exaspération parmi les avocats et les activistes, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Algérie. Certains journaux de l’opposition ont relaté les cas de journalistes et activistes du Hirak qui ont été convoqués par les services de la police judiciaire pour leur retirer leur passeport et leur notifier l’interdiction de quitter le territoire national.
Il s’agit notamment du blogueur Merzouk Touati, membre de la Ligue algérienne de Bejaia, de Houcine Boumajane, de l’universitaire Hakima Sbaihi et des activistes du Hirak Abdeslam Salim, Yazid Mbarki et Nadir Tamine. L’avocat membre du collectif de la défense des détenus du hirak, Taoufiq Belaala, a déclaré au journal d’opposition Algéria Times que «le retrait du passeport relève de la seule prérogative du juge d’instruction et du procureur de la république. Toute mesure de retrait du passeport ou de notification d’interdiction de quitter le territoire national n’émanant pas de ces deux magistrats est considérée comme une mesure arbitraire et constitue une grave atteinte aux libertés, notamment quand les ordres sont donnés par la direction de lutte contre le terrorisme».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que la démonstration de force des services de sécurité envers les opposants et les acteurs des droits de l’Homme se déroule sous un blocus médiatique. En effet, le régime militaire a semé la peur au sein des journalistes dont la plupart ont été contraints de se soumettre à la mainmise imposée par les appareils de l’État sur les médias. Le magazine britannique The Economist a consacré plusieurs articles sur les restrictions des libertés en Algérie: «La répression a augmenté, encore une fois. Human Rights Watch a recensé plus de 280 détenus politiques, tandis qu’une association locale estime leur nombre à 320. D’autre part, une grande organisation des droits de l’Homme, connue sous le nom de «Youth action rallye», a été dissoute, tandis que les ONG étrangères demeurent interdites. Sans oublier que les personnalités politiques et les journalistes indépendants sont victimes de harcèlement et d’emprisonnement».
Ainsi, le magazine britannique dénonce la passivité de la presse algérienne qui «lèche les bottes, de manière pitoyable, du régime militaire». Quant à la presse occidentale, poursuit la même source, «elle est considérée comme hostile, à tel point qu’il n’existe plus de correspondants des grands journaux français. Pire encore, le bureau de l’AFP a été contraint de fermer». Le magazine aborde, par la suite, le complexe du Maroc que l’armée algérienne a inoculé à la presse algérienne en prenant comme exemple les propos d’un professeur d’histoire qui affirme avec certitude que «les médias de l’opposition et le Hirak ont été infiltrés par le Mossad et reçoivent des pots-de-vin du Maroc». Les déclarations officielles penchent pour un discours où s’entremêlent la fanfaronnade et la paranoïa, tandis que la presse officielle affiche une extrême hostilité envers le Maroc voisin, conclut le magazine britannique The Economist.