Il faut que le gouvernement se défasse de cette politique de la peur qui le pousse à prôner de sévères restrictions pour ouvrir, d’urgence, les frontières, afin de permettre aux citoyens de respirer et de se délester de la pression psychologique qui pèse sur eux. Dans un éditorial, le quotidien Assabah, daté du lundi 24 janvier, indique qu’il n’a pas été prouvé scientifiquement que le virus circulait seulement via les aéroports, les ports et les postes-frontières terrestres. Encore faut-il préciser que ceux qui croient que la Covid-19, avec tous ses variants, est apparue pour disparaître dans trois ou quatre ans se trompent sur toute la ligne. Se font aussi des illusions ceux qui croient que la fermeture des frontières permettra de neutraliser ces particules microscopiques capables de créer, partout, un environnement où se reproduire et se développer.
Les responsables marocains qui avaient fermé les frontières dès l’apparition du variant Omicron en Afrique du Sud l’ont appris à leurs dépens. Ils ont, en effet, découvert que ce variant avait contaminé une Casablancaise qui n’avait jamais mis les pieds dans un aéroport. On comprend que le gouvernement et les membres des commissions scientifiques et techniques au ministère de la Santé redoutent l’effondrement du système de santé avec la propagation de ce virus. Mais il faut savoir que la crainte excessive provoque des maladies invalidantes, physiques et psychiques, et menace le pays d’une crise cardiaque imminente.
L’éditorialiste du quotidien Assabah souligne que le Maroc ne connaît pas une assez grande prospérité économique et sociale pour se permettre de fermer les frontières et d’asphyxier les aéroports, les ports et les passages frontaliers terrestres. Chaque minute de ce repli sur soi coûte les yeux de la tête à l’économie nationale et impacte les investissements, les exportations et importations, ainsi qu’un secteur du tourisme profondément sinistré, voire à l’agonie. Il est difficile de comprendre la politique du gouvernement qui alloue un budget exceptionnel de 200 millions de dirhams pour soutenir les établissements touristiques sans avoir la moindre idée de la date de l’ouverture des frontières.
Il est tout aussi incompréhensible que le Royaume déploie des efforts considérables, en cette période difficile, pour attirer les investisseurs dans les secteurs de l’automobile, de l’énergie et de l’économie verte, tout en donnant une procuration générale à des commissions scientifiques pour décider du sort de 37 millions de Marocains. Vraiment, en se fiant à des scientifiques qui ne s’entendent même pas entre eux, le gouvernement se lie les mains en attendant que d’autres décident à sa place. Pourtant, l’ouverture des frontières, la relance de l’économie et la lutte contre la sécheresse sont des missions qui incombent au gouvernement et non pas à une ou deux commissions provisoires.