Le spectre d’un étudiant, militant de gauche, hante toujours certains dirigeants du Parti de la Justice et du Développement (PJD), poursuivis par la Cour d’appel de Fès pour leur implication présumée dans son assassinat, indique le quotidien arabophone Al Akhbar dans son édition de ce mercredi 28 décembre. En effet, en début de semaine, la chambre criminelle de première instance près la Cour d’appel de Fès a vécu une autre longue séance, en présence des quatre dirigeants du PJD impliqués dans l’assassinat de l’étudiant Mohamed Ait Ljid, connu sous le surnom de «Benaissa», qui dirigeait à l’époque l’une des fractions de gauche de l’université Dhar El Mehrèz de Fès, ajoute le journal. Les quatre personnes impliquées ont fini par assister au procès, le Parquet ayant réclamé l’application des mesures prévues contre les absents, rapporte Al Akhbar qui rappelle que les mis en cause n’avaient pas répondu favorablement, par le passé, aux convocations de la justice. Lors de cette dernière séance, les avocats de la défense ont évoqué la possibilité d’aller directement aux délibérations, lorsque les avocats des dirigeants du PJD ont remis en cause le témoignage du seul témoin oculaire qui avait rapporté qu'«un groupe de jeunes barbus avait violemment battu deux autres jeunes près du café Azzouhour, situé à proximité de l’enceinte universitaire». L’une des phases les plus cruciales de cette audience reste la requête formulée par la défense de la famille de la victime d'appeler à la barre des témoins, notamment Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PJD, présent aussi lors de cet événement dramatique, précise le journal. La famille d’Ait Ljid demande à ce qu'il soit purement et simplement rejugé. En effet, après son arrestation dans le périmètre même des lieux du crime, Abdelali Hamieddine avait déclaré aux enquêteurs qu’il appartenait à la faction estudiantine de gauche, celle de la victime, alors qu’il était plutôt connu pour faire partie des étudiants islamistes. Et le journal d’indiquer que la chambre criminelle de première instance près la Cour d’appel de Fès a finalement reporté au 16 janvier prochain les plaidoiries des avocats. L’affaire remonte au 25 février 1993, lorsqu’un groupe d’étudiants appartenant au mouvement Réforme et renouveau, l’actuel PJD, et à la Jamaâ d’Al adl wal ihsan, avait arrêté un taxi transportant deux étudiants de gauche auxquels il réservait un sort dramatique: la mort pour l'un, de graves blessures pour l'autre.
Par Mustapha Nouri
Le 27/12/2016 à 22h47