Selon un grand nombre d’historiens et de savants, l’institution du commandement des croyants remonte à l’époque de la création du premier État musulman au Maghreb Al-Aksa (Maroc) sous la direction de Moulay Idriss Al Akbar (Idriss 1er).
Cette institution a été conservée par tous les Etats et les familles qui se sont succédé au pouvoir au Maroc jusqu’à l’arrivée de la dynastie alaouite. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 28 juillet, que l’histoire a démontré que le commandement des croyants est considéré comme un héritage religieux et civilisationnel sur la base duquel a été fondé l’état marocain il y a 12 siècles. Elle joue des rôles importants dans la continuité de l’État, l’unification des Marocains de différentes ethnies et la préservation de la sécurité spirituelle loin de l’intolérance, de l’extrémisme et de la guerre civile provoqués pour des raisons religieuses et sectaires.
La Baia (acte d’allégeance) est considérée comme le socle solide sur lequel repose l’institution du commandement des croyants. Le roi Mohammed VI a résumé cette pierre angulaire du système de gouvernance dans son discours prononcé en 1999 à l’occasion de l’anniversaire de la révolution du roi et du peuple lorsqu’il s’est adressé au peuple en disant: «Nous demeurerons fidèle à la voie hassanienne, attaché à la Baia qui nous engage et qui t’engage, Baia qui s’inscrit en droite ligne de celles qui l’ont précédée durant plus de douze siècles, qui puise sa substance dans le livre saint et la tradition du prophète, et qui est intimement liée à la constitution marocaine qui stipule que le Roi, Amir Al Mouminine, est le représentant suprême de la nation, le symbole de son unité, le garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat».
C’est pour que la Baia constitue un élément essentiel dans la consolidation de la légitimité de celui qui hérite du commandement des croyants. Étant donné l’ancienneté de cette institution, il était nécessaire de l’inscrire dans la première constitution de 1962 à travers l’article 19 qui confère des fonctions fondamentales à la personne du roi.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que la constitutionnalisation du commandement des croyants a été actée lors des cinq amendements apportés à la constitution depuis 1970. Celle de 2011 stipule dans l’article 41 que «le roi, Amir Al Mouminine, veille au respect de l’Islam. Il est le garant du libre exercice des cultes». Le rôle primordial que joue le commandement des croyants a démontré son efficacité à travers l’épisode du printemps arabe qui a renversé plusieurs régimes et provoqué une sédition qui a ébranlé des sociétés stables. Des sociétés qui n’ont pas pu sortir de la spirale de la violence et de la guerre civile jusqu’à aujourd’hui. Les observateurs s’accordent à dire que le commandement des croyants a joué un rôle important pour éviter au Maroc les scénarios catastrophiques qui ont miné d’autres pays dans la région. La première fonction fondamentale jouée par cette institution est le monopole positif de la religion, particulièrement sur la scène politique.
Ce qui implique l’exclusion d’autres parties qui cherchent à exploiter la religiosité des Marocains et leur lien sacré avec l’islam pour parvenir à des fins politiques. De ce côté, le commandement des croyants constitue une soupape de sécurité religieuse, comme l’ont confirmé les chercheurs. Parmi ses fonctions les plus importantes figure, aussi, la réalisation de la coexistence entre les Marocains depuis des siècles car cette institution se distingue par la neutralité et l’impartialité envers toutes les composantes de la société marocaine.
En effet, elle prône les valeurs de la tolérance et de la coexistence avec les adeptes des autres religions. Lesquels sont des sujets du commandeur des croyants et particulièrement la communauté juive qui est enracinée dans l’histoire du Maroc. Tout le monde se rappelle la position de feu le Roi Mohammed V sur la question juive quand il s’est opposé aux lois nazies racistes édictées par le régime de vichy sous l’occupation allemande en France.