Le Maroc vient de mettre l’Algérie devant ses responsabilités envers l’Histoire, la géographie, la religion, la morale, la politique et le destin commun des deux peuples, marocain et algérien. Deux peuples non seulement frères, mais bien plus, frères jumeaux. Pour la première fois, depuis que les relations entre les deux pays sont dans l'impasse, depuis l’ère de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, l’Algérie est confrontée à une situation où elle doit s’exprimer clairement devant l’opinion publique et la communauté internationales, écrit le quotidien Assabah dans l’édito de son édition du lundi 2 août.
Face à cette main tendue du Maroc, à une invitation claire et sans ombrage à relancer les relations entre les deux pays sur de nouvelles bases, l’Algérie n’a que deux alternatives. Soit elle continue d’asphyxier le grand Maghreb et de tuer lentement avec une entité rejetée et honnie par la communauté internationale dont l’entretien lui coûte, chaque année, des milliards de dollars qu’elle ponctionne sur les revenus du peuple algérien. Ou alors, et c’est la deuxième option, les gouvernants de ce pays penchent pour l’offre du Maroc, celle de la fraternité et du destin commun entre deux pays qui partagent bien plus que des milliers de kilomètres de frontières communes.
Les deux pays partagent, en effet, des décennies d’histoire et de relations communes. Leurs peuples partagent les mêmes racines et portent la même carte génétique. Deux peuples «jumeaux», pour ainsi dire. Le terme n’a pas été utilisé vainement par le Souverain dans le discours du Trône. Il porte bien tout son sens. Après ce discours du 31 juillet, l’Afrique du Nord ne sera décidément plus comme avant. Nous ne dirons pas, souligne l’éditorialiste, que le Maroc a marqué un point. Loin de là. Nous nous abstiendrons, de même, poursuit l’éditorialiste, d’évoquer la terminologie du vainqueur et du vaincu. Mais, c’est certain, quelle que soit la réaction des voisins de l’Est, quelque chose aura définitivement changé dans la réalité de l’Afrique du Nord.
Le fait est qu’à travers ce discours royal, c’est l’intérêt des deux peuples, marocain et algérien, qui a prévalu. Deux peuples qui, pour le Souverain, ne font en fait qu’un. Et c’est à ce peuple uni qu’il s’est adressé ce samedi 31 juillet, tout en sachant combien la majorité des Algériens le tiennent en grande estime. Ils lui vouent de l’estime pour sa personne, pour sa générosité, pour sa sollicitude, pour ses innombrables initiatives envers son peuple et son action continue pour la paix entre les peuples, relève l’éditorialiste. Et ce, alors que les porte-voix des généraux, médias et diplomates, ne cessent de semer la discorde depuis plus de 42 ans.
Le discours royal appelle à mettre en avant les bénéfices et tout l’intérêt que les deux peuples pourraient tirer de l’ouverture des frontières fermées depuis longtemps, pour des considérations qui ne sont plus d’actualité. Pour le Souverain, de l’ouverture des frontières le peuple algérien n’aura jamais rien à craindre. La réalité est autre. La vérité est que le danger qui guette l’Algérie, mais aussi le Maroc, est lié aux problèmes de l’immigration, de la contrebande, du narcotrafic et de la traite des êtres humains. Et en étant ensemble et avec les moyens dont dispose la région maghrébine, les deux pays pourraient non seulement faire face à ce danger mais également réaliser l’essor tant attendue de toute la région.
C’est un appel à la raison et à la sagesse que le Souverain vient d’adresser au peuple algérien pour mettre fin à la déperdition des points de croissance et aborder ensemble et plus forts l’avenir. C’est également un ultime appel, la «dernière sortie avant l’autoroute» pour ainsi dire ou, tout simplement, l’appel de la dernière chance. Car, et le Souverain l’a bien souligné dans le même discours, avec ses propres moyens, le Maroc peut voler de ses propres ailes et il l’a d’ailleurs déjà fait lorsqu’il a été question, entre autres, de contrer les effets de la pandémie. De même, il le fera certainement au moment de la mise en œuvre de son nouveau modèle de développement. Le Maroc, conclut l’éditorialiste, a su voler de ses propres ailes grâce, notamment, à ses institutions sécuritaires et de renseignement et à son armée. Et il volera certainement bien plus haut que son jumeau algérien.