Ce fut, pour Saâd-Eddine El Othmani, une journée de tractations marathoniennes. Le nouveau chef de gouvernement désigné a, en effet, reçu les représentants de sept partis politiques en l’espace de huit heures.Ces premières tractations lui ont permis de se faire une idée de son éventuelle majorité et des partis politiques avec lesquels il compte former le futur gouvernement.
Ainsi, suite à l’annonce du Parti authenticité et modernité (PAM) qui a laissé entendre qu’il n’avait pas changé de position, deux scénarios devraient être retenus par le nouveau chef de gouvernement désigné pour former son gouvernement, souligne le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce jeudi 23 mars.Le premier scénario consiste à reconduire la majorité sortante, composée du Rassemblement national des indépendants (RNI), du Mouvement populaire (MP) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS), en plus de l’Union constitutionnelle (UC). Cette option, qui avait d'ailleurs été retenue par l'ancien chef de gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane, reste la plus probable, en attendant de voir la réaction des autres partis, notamment de l’Istiqlal et de l’USFP.Le deuxième scénario tend, quant à lui, à rallier l’Union socialiste des forces populaires (USFP) à la nouvelle coalition gouvernementale.
Quoi qu'il en soit, la grande bataille se fait au niveau de l’architecture du gouvernement et des portefeuilles ministériels, fait remarquer le quotidien. Dans une déclaration au journal, le politologue Mustapha Shimi fait savoir que le chef de gouvernement désigné risque surtout de se heurter à un blocage au niveau de la répartition des portefeuilles ministériels. Car, a-t-il expliqué, la décision finale revient au secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD), présidé par Abdelilah Benkirane. Et de préciser que ce dernier connaît très bien les rouages de la composition de la majorité et restera en contact permanent avec Saâd-Eddine El Othmani, qui demeure sous son autorité.
Cité par le journal, Abdelilah Benkirane déclare par ailleurs n'être plus concerné par les tractations, tout en soulignant que la décision finale reviendra effectivement au secrétariat général du PJD.Autant dire qu’il va falloir attendre le prochain round des tractations pour avoir une certaine visibilité. «Un deuxième tour», souligne pour sa part le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du même jour. «Après l’élimination du PAM au premier tour des tractations, deux autres partis, à savoir le PI et l’USFP, risquent d’être éliminés au second tour pour que le PJD reste en harmonie avec les orientations de son Conseil national et son secrétariat général, qui avaient décidé de maintenir la majorité sortante», écrit la publication.
Ainsi, explique le journal, le nouveau chef de gouvernement désigné concentrera son action au second tour à éloigner l’USFP, en raison de la position des instances dirigeantes du PJD qui estiment que Benkirane avait fait assez de concessions.S’agissant du parti de l’Istiqlal, la publication écarte également la possibilité de son ralliement au prochain gouvernement, histoire d'éviter de provoquer d’autres tensions suite à la crise avec la Mauritanie. Ce qui pousse le journal à conclure que seuls les partis du RNI, du MP, du PPS et de l’UC sont susceptibles de passer au second tour des tractations.