Gestion humanisée des frontières: comment le Maroc montre la voie

Khalid Zerouali, wali directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur

Khalid Zerouali, wali directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur. DR

Le Maroc, sous l’impulsion du roi Mohammed VI, adopte une gestion humanisée des frontières qui place le migrant au cœur de l’ensemble des programmes et initiatives lancés dans ce domaine, a affirmé, jeudi à Rabat, Khalid Zerouali, le wali directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur.

Le 30/01/2025 à 16h13

S’exprimant à l’ouverture d’une table ronde organisée par l’Observatoire national de la migration sous le thème «Gestion humanisée des frontières: de la gestion des vulnérabilités à l’impulsion des opportunités», Khalid Zerouali a souligné que le Maroc opte pour un concept novateur, large, inédit et holistique en matière de gestion humanisée des frontières, le but étant «d’accompagner les différentes étapes du parcours du migrant, du premier contact et de l’identification des vulnérabilités au référencement approprié et à l’intégration».

«Il s’agit d’un process qui ne s’arrête pas à mi-chemin, mais qui accompagne le migrant dans son projet de vie jusqu’au bout, pour incuber ses potentialités et en faire un vecteur de richesse et de diversité de la société marocaine», a-t-il poursuivi, notant que la gestion humanisée des frontières permettra de tirer vers le haut la gestion opérationnelle pour une gouvernance globale des frontières.

Il a, dans ce sens, fait observer que la singularité de l’approche du Royaume se manifeste également à travers l’Initiative du Roi visant à favoriser l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique. Cette initiative géostratégique majeure a porté au pinacle la notion d’inclusivité et d’humanisme des frontières, a relevé Zerouali, notant que la vision royale clairvoyante a transcendé l’approche classique des frontières pour mettre la notion des frontières au service de l’épanouissement de l’individu et de la prospérité de la collectivité à travers l’intégration économique et la coopération régionale.

«C’est ce cap stratégique d’inclusion et d’ouverture, impulsé par la haute vision royale, qui constitue le moteur de la gouvernance migratoire au Maroc», a-t-il soutenu, soulignant que le Royaume met en œuvre et défend cette philosophie de gestion migratoire humaniste auprès de ses multiples partenaires pour la plus large adhésion possible.

La charte régionale Sud-Nord de gestion humanisée des frontières que le Maroc a proposée en 2023 dans le cadre du processus de Rabat s’inscrit dans cette perspective, a-t-il rappelé, affirmant que le Royaume continuera les discussions et la réflexion avec l’ensemble de ses partenaires pour «son appropriation collective et son implémentation réaliste et efficiente».

À cet égard, il a fait observer que la question migratoire est d’une grande complexité en raison des enjeux géostratégiques, politiques, socio-économiques, diplomatiques, sécuritaires et sanitaires qui en font une donnée majeure dans les relations internationales et la coopération régionale et subrégionale.

Khalid Zerouali a ainsi relevé que l’enjeu majeur reste de placer le migrant au centre de l’équation migratoire, et ce conformément aux hautes orientations royales, précisant que la dimension éminemment humaine se doit de demeurer prégnante à tous les niveaux des stratégies migratoires initiées aux niveaux national, régional et international.

Le Royaume du Maroc, a-t-il dit, s’est inscrit résolument dans cette approche à travers la mise en place en 2013 de la stratégie nationale d’immigration et d’asile, sous l’impulsion du roi Mohammed VI, soulignant qu’il s’agit d’une stratégie globale, inclusive, solidaire, humaniste où le respect des droits du migrant constitue le socle et le système de valeurs de la gestion migratoire à tous les niveaux.

De son côté, le directeur des affaires pénales, des grâces et de la détection du crime au ministère de la Justice, Hicham Mellati, a relevé que la question migratoire constitue une problématique mondiale qui concerne différents pays, mettant en avant l’approche stratégique adoptée par le Royaume dans ce domaine.

Le Maroc constitue un modèle pionnier au niveau international en matière de gestion des flux migratoires, a-t-il estimé, ajoutant que la stratégie nationale d’immigration et d’asile, adossée à des valeurs humaines, a contribué à consolider l’engagement ferme du Royaume sur la scène internationale dans toutes les initiatives visant à renforcer la protection des droits de l’Homme de manière générale et des droits des migrants en particulier.

Il a de même relevé que la stratégie du Maroc vise à apporter des réponses efficaces, notamment en matière de protection des victimes des réseaux de trafic de migrants et des réseaux de traite des êtres humains, notant que cette approche s’est déclinée à travers les efforts déployés par le Royaume à différents niveaux institutionnels et organisationnels, ainsi qu’une révision du cadre législatif national pour garantir sa compatibilité avec les dispositions de la Constitution ainsi qu’avec les normes et conventions internationales en la matière.

De son côté, la cheffe de Mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Maroc, Laura Palatini, a souligné que la gestion humanisée des frontières vise à renforcer la préparation des États aux changements soudains au niveau de la mobilité transfrontalière et à les aider à s’adapter aux nouvelles exigences.

Après avoir présenté un aperçu sur les tendances migratoires sur les routes atlantique et de la Méditerranée Occidentale, la responsable a relevé que la gestion humanisée des frontières aide les États à élaborer des politiques, des initiatives et des interventions axées sur les droits en matière de gestion des frontières, afin d’assurer la sécurité des populations vulnérables.

Selon la responsable onusienne, l’approche de gestion humanisée des frontières a pour objectifs d’aborder les risques et les vulnérabilités, cartographier et visualiser les flux et les profils et renforcer la gestion des frontières et la sécurité territoriale.

Comment le Maroc veille à la protection des victimes de la traite des êtres humains

Pour sa part, la représentante de la Commission nationale de coordination des mesures de lutte contre la traite des êtres humains et de prévention, Amina Dardouri, s’est penchée sur le mécanisme de référencement pour la protection des victimes vulnérables de la traite des êtres humains, soulignant qu’il s’inscrit dans le cadre de la consolidation des acquis du Royaume en matière de protection des victimes de la traite des êtres humains.

Ce mécanisme, a-t-elle ajouté, intervient également dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs stratégiques contenus dans le Plan national de lutte et de prévention contre la traite des êtres humains 2023-2030. Elle a, en outre, fait observer que le Maroc dispose de Centres modèles d’accueil des victimes de traite des êtres humains, notamment à Tanger et à Fès, avec une capacité de 35 lits par centre, relevant que ces structures ont pour objectif d’apporter un soutien psychologique, médical et juridique aux victimes. Il s’agit aussi d’orienter les victimes de traite des êtres humains, de faciliter leur intégration au sein de la société, ou encore d’assurer leur retour volontaire dans leur pays d’origine, a-t-elle souligné.

Le directeur de la protection des droits de l’Homme et monitoring au Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Abderrafie Hamdi, a, quant à lui, mis en avant la corrélation entre la migration et la préservation des droits des migrants, conformément aux législations en vigueur.

Il a indiqué que le Royaume a adopté une nouvelle politique migratoire basée sur une approche humaniste, cohérente et globale, qui respecte les dispositions du droit international et de la coopération multilatérale. Cette politique s’est concrétisée en 2014 et 2016 par deux opérations de régularisation des étrangers en situation irrégulière au Maroc, afin d’assurer une meilleure intégration des migrants et une meilleure gestion des flux migratoires dans le cadre d’une approche humaniste, a-t-il rappelé, tout en saluant la mise en place de la Stratégie nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA) et le processus de réformes juridiques en matière d’immigration, d’asile et de traite des êtres humains.

Quant au Mohamed Wahab, représentant de l’Observatoire national de la migration, il a noté que l’humanisation des frontières nécessite une concertation des efforts régionaux et internationaux afin de remédier aux entraves à l’intégration effective de cette humanisation.

Il a aussi indiqué que les frontières sont un espace partagé où aucun pays ne peut relever individuellement le défi de l’humanisation des frontières, mettant en avant l’importance d’une gestion commune des frontières entre pays frontaliers.

Par Le360 (avec MAP)
Le 30/01/2025 à 16h13

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