Le PJD, depuis sa débâcle électorale du 8 septembre, est en pleine crise. Il est même au bord de l’implosion, écrit le quotidien Assabah dans sa livraison du week-end des 18 et 19 septembre. C’est une crise complexe dans laquelle les fondateurs, les dirigeants du premier rang mais aussi la jeunesses se retrouvent tous dos à dos pour la première fois dans l’histoire du parti islamiste.
Le tsunami qu’a provoqué sa défaite électorale a ébranlé les structures, pourtant longtemps présentées comme très solides, du parti aujourd’hui sur le point de s’effondrer, poursuit le quotidien. Les différends et les dissensions entre ses membres ont mué en une véritable guerre de clans. Chaque clan accuse l’autre d’avoir causé la ruine de la formation et aucune partie ne veut assumer la responsabilité de ce qui arrive. Et pour ne rien arranger, souligne Assabah, le PJD, aujourd’hui déboussolé, ne dispose pour ainsi dire d’aucune doctrine politique, ni ligne idéologique cohérente, capable d’éviter son éclatement.
Aussi, explique le quotidien, les dirigeants du deuxième rang s’empennent-ils aux membres fondateurs, les accusant de ne pas avoir su défendre les réalisations du parti à la tête du gouvernement durant ces dix dernières années. Ainsi, alors que ces derniers affichent des signes de réussite sociale, les décisions à caractère socio-économique prises au niveau du gouvernement que dirigeait le parti ont sérieusement affecté le vécu des citoyens, principalement la classe moyenne.
Pire encore, poursuit Assabah, les sorties médiatiques de l’ancien patron du parti, chef du premier gouvernement du PJD, n’ont fait qu’enfoncer davantage la formation sur le plan politique. La deuxième génération du parti islamiste accuse l’ancien «zaïm» d’avoir délibérément coupé les ponts avec toutes les autres formations politiques et leurs leaders, accusant les uns et diffamant les autres tout en insultant le reste et en faisant tout pour décrédibiliser le travail de tout ce monde.
En définitive, les dirigeants du second rang sont aujourd’hui déterminés à empêcher le retour de Benkirane à la tête du parti. Ils sont les premiers à avoir brandi l’article 16 des statuts du PJD qui limite à deux les mandats du secrétaire général.
De leur côté, les partisans de l’ancien «zaïm» accusent ses détracteurs d’être les premiers à avoir tiré bénéfice de la rente politique que représentent les postes ministériels, les mandats de parlementaires et les postes à responsabilité au niveau local et régional avec les salaires, les indemnités, les primes et autres avantages matériels qui vont avec. Partant de là, ils ne doivent plus intervenir dans les affaires du parti parce que ce sont eux qui sont à l’origine de la crise.
Face à cette situation, plusieurs voix qui ne font manifestement pas partie de l’un des deux clans, ont appelé au report de la réunion du conseil national annoncée pour ce samedi. Et ce, afin de tenter d’éviter l’inéluctable implosion du parti. Le choc psychologique et toutes ces charges négatives provoqués par la débâcle électorale du 8 septembre pourraient sans doute transformer cette session du conseil national en un théâtre de règlement de comptes au lieu d’être l’occasion d’une véritable autocritique.