Le 2 mars, Alger accueillait le 7ème sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF). En marge de ce conclave, le président Abdelmadjid Tebboune avait convié les présidents tunisien et libyen à une rencontre tripartite pour lancer la création d’un groupement régional qui supplanterait la déjà agonisante Union du Maghreb arabe (UMA). Le président mauritanien, présent à Alger, a refusé de participer à cette mascarade et quitté les lieux pour rentrer chez lui. Pour Nouakchott, il n’est pas question de créer une nouvelle entité régionale sans le Maroc.
Lors de l’interview qu’il nous a accordée, Hassan Abdelkhalek, ancien ambassadeur du Maroc en Algérie, analyse les dessous de cette énième fuite en avant du régime militaire algérien.
«Il ne pourrait y avoir de Maghreb arabe sans le Maroc. Faisons un petit retour en arrière: en avril 1958, c’est à Tanger que s’étaient donné rendez-vous les chefs des mouvements de libération du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie. Après, c’était au tour de Marrakech d’abriter, le 17 avril 1989, la réunion constitutive de l’Union du Maghreb arabe et la signature de l’accord qui l’avait instaurée et qui devait être concrétisé. Malheureusement, cette noble idée de l’accord de Marrakech a été enterrée à cause du régime algérien lui-même car il a persévéré dans ses manigances pour porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc», affirme Hassan Abdelkhalek.
L’ancien diplomate marocain rappelle comment l’Algérie a œuvré pour paralyser les organes de l’UMA, au point de cesser de verser ses contributions financières à cette union dès 2016. «Autrement dit, celui qui a sapé l’UMA est bien le régime algérien car elle ne l’a pas suivi dans ses visées hégémoniques et son agenda dans la région», explique Hassan Abdelkhalek, pour qui tout projet d’un groupement régional sans le Maroc est une entreprise hasardeuse.
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«C’est un projet voué aussi à l’échec au vu de plusieurs données objectives. Premièrement, on ne peut pas créer un groupement en Afrique du Nord sans tous les pays de cette région. Deuxièmement, le régime algérien a essayé cette dernière fuite en avant parce qu’il vit un terrible isolement au niveau régional», détaille Hassan Abdelkhalek.
Notre interlocuteur revient également sur les raisons de l’isolement régional que vit actuellement le régime militaire algérien. «C’est dans sa nature et c’est le résultat de ses attitudes idiotes. Cela commence avec le Maroc, qui a toujours tendu la main à l’Algérie pour ouvrir une nouvelle page, mais pour avoir, comme réponse, une tendance à l’escalade. La relation du régime algérien avec la Libye n’a non plus rien de sain parce qu’il s’est rangé du côté d’une seule partie», explicite Hassan Abdelkhalek, qui rappelle que les relations sont actuellement tendues entre l’Algérie et l’Est de la Libye.
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«Quant à la Tunisie, ce régime a essayé de la pousser à s’aligner sur ses positions au service de son agenda dans la région», conclut l’ex-diplomate, qui émet le souhait de voir «nos frères tunisiens finir par faire prévaloir la sagesse et qu’ils aient présent à l’esprit le rôle qu’ils ont toujours joué dans la région et leurs solides relations avec tous les pays sans être les suiveurs de l’un ou l’autre et sans servir d’outil pour attiser le feu de la division».