L'émissaire du SG de l'ONU pour le Sahara, Horst Köhler, est arrivé mercredi matin à l'aéroport de la wilaya algérienne de Tindouf, avant de se diriger vers Rabouni, QG du secrétariat national du Polisario, puis au camp dit"Aousserd", via une route re-bitumée pour la circonstance et qui a suscité (vous verrez loin) une vague de dérision sur les réseaux sociaux chez le Sahraoui lambda.
Le médiateur onusien a trouvé à son accueil le coordinateur du Polisario avec la Minurso, M'hammed Khaddad, Bachir Mustapha Sayed, frère du fondateur du front Polisario, El Ouali Mustapha Sayed, tué le 9 juin 1976 par les services algériens, en raison de son refus de toute instrumentalisation par Alger de "la question sahraouie".
Selon des sites séparatistes, un dispositif sécuritaire draconien a été mis en place autour du camp dit "Aousserd" pour empêcher toute velléité de protestation en présence de l'émissaire onusien, venu pour la première fois dans la région pour tâter le pouls et explorer la possibilité de relancer des négociations bloquées depuis 2012.
Comme le rapportait le360 lundi 16 octobre, des appels ont été lancés depuis l'Espagne au nouvel émissaire onusien afin d'intervenir auprès de Rabouni et Alger pour la libération des 150 filles séquestrées, à leur tête celui de José Morales, père adoptif de Maloma, empêchée depuis 2015 de regagner sa ville de résidence Séville, dans le Sud espagnol.
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Des espoirs fondés mais qui risquent de rester sans lendemain, surtout au camp d'"Aousserd" assiégé de toutes parts par les nervis séparatistes pour empêcher toute velléité de protestation devant le nouvel émissaire onusien.
Un état de siège que les Sahraouis ont tenté de briser en recourant aux réseaux sociaux, devenus le seul espace d'expression pour une population dont les droits les plus élémentaires sont confisqués par la direction du Polisario, avec la complicité criminelle des services algériens déployés autour des camps.
Une situation digne des tristement célèbres goulags de la défunte ère soviétique, se manifestant non seulement par le blocus imposé autour de l'émissaire onusien mais aussi par un black-out total sur les réelles attentes d'une population affamée et humiliée au quotidien par les matons polisariens.
Les commentaires postés par les séquestrés tournent en dérision les préparatifs de la visite de l'ancien président allemand, Horst Köhler. "Cher Köhler, pardon, excellence monsieur le Président, vous qui êtes venu de Berlin ou de New York, je voudrais vous dire que la route menant de Rabouni au camp d'Aousserd, n'était pas carossable, impraticable à la circulation, en raison des mille et un fossés qui s'étalaient à perte de vue... Mais grâce à votre visite, cette route cailloteuse a été rafistolée de manière à ce que vous arriviez chez nous indemne!", décoche en effet l'un des habitants des camps de l'infortune.
"C'est le comble du mépris envers les habitants qui souffraient de l'état d'une route jonchée de fossés, une hypocrise sans limite... il a suffi de quelques heures pour retaper cette route", constate cet autre Sahraoui, avant de lâcher: "Que pèse la vie d'un pauvre Sahraoui aux yeux de la direction de Rabouni?"
Rien, assurément. Et ce ne sont ni les dattes, ni le lait de chamelle offerts à Köhler à son arrivée dans les camps qui vont cacher cette vérité. Triste vérité.