Inondations à Casablanca: c'est l'heure de rendre des comptes

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Revue de presseKiosque360. Ce qui s’est passé durant la semaine écoulée, à Casablanca, ne devrait pas passer sans que les responsables ne rendent des comptes. A leur tête, le Conseil de la ville, considéré unanimement comme le premier responsable de cette situation, quoique la Lydec ait été également pointée du doigt.

Le 10/01/2021 à 19h41

Après presque une semaine de pluies exceptionnelles, Casablanca déplore, aujourd'hui, quatre morts dans l’effondrement de maisons menaçant ruine dans le quartier Derb Moulay Chrif. Il s'agit un bilan non officiel et provisoire, publié par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui consacre, dans son édition du lundi 11 janvier, un dossier détaillé aux récentes intempéries qui ont frappé la métropole. «L’heure de vérité a sonné», écrit le quotidien, qui ajoute que «les responsables de cette catastrophe doivent rendre des comptes».

Mais qui est le responsable de cette situation? Pour une grande partie de la société civile, les adeptes des réseaux sociaux et même certains politiques locaux, nul besoin de chercher ailleurs: le premier responsable est évidemment la Lydec. Une réponse toute prête qui dénote d’un manque de discernement et frôle le populisme. Pour eux, la solution est simple: il suffit de résilier le contrat du délégataire français et tout rentrera dans l’ordre. Des voix plus sages invitent plutôt à questionner la responsabilité du Conseil de la ville. Après tout, souligne le quotidien, le Conseil de la ville est l'autorité de contrôle des sociétés délégataires de la gestion des services communaux. De même, le Conseil de la ville est le premier responsable des prestations et de l’action des sociétés de développement local (SDL).

Or, souligne le quotidien, ni les élus et responsables du Conseil de la ville ni les autorités locales ne se sont manifestés durant les premiers jours. Le wali, après avoir tenu une réunion d’urgence avec, notamment, des responsables centraux du ministère de l’Intérieur et de la Lydec, s’est rendu en visite de terrain dans plusieurs quartiers touchés. Le Conseil de la ville, lui, a tenu, de son côté, une longue réunion, vendredi, mais sans aboutir à rien de concret.

Pour la Lydec, clouée au pilori, cette réunion a été l’occasion de mettre les points sur les «i». Selon son directeur général, le délégataire avait bel et bien anticipé cette situation, malgré son caractère exceptionnel. La société a effectivement préparé, avec le Conseil de la ville, un plan prioritaire pour mettre à niveau le réseau d’assainissement de la ville et ce, justement, pouréviter ce genre de catastrophes.

Pour le mettre en œuvre, un budget a été fixé et estimé à 17 milliards de dirhams. Il a été convenu que la société y contribue à hauteur de 5 milliards de dirhams et que le reste, soit 12 milliards de dirhams, soit apporté par le Conseil de la ville. La Lydec a bien honoré sa mise, mais pas le Conseil de la ville. Plus encore, depuis la prise en charge de la gestion déléguée de la distribution de l’eau, d’électricité et du service d’assainissement liquide, en 1997, la société affirme avoir investi pas moins de 26 milliards de dirhams, dont 45% consacrés au réseau d’assainissement. Les efforts consentis jusque-là dans le domaine ont permis de prémunir d’inondations plusieurs quartiers, considérés jusque-là comme des «points noirs» et zones inondables. Mais il subsiste encore certaines zones à risque. Bref, de ce côté, la société affirme avoir honoré tous ses engagements, inscrits dans le contrat de la gestion déléguée.

C’est justement dans le cadre de ces mêmes engagements que chaque année, à la veille de la saison des pluies, la société entreprend des travaux de réfection des avaloirs, des canalisations et du dispositif de drainage des eaux de pluie. Pour la suele année 2020, affirme le quotidien, citant la société, près de 30.000 tonnes de sédiments ont ainsi été extraites, correspondant à différents types de déchets. Quoi qu’il en soit, relève Al Ahdath Al Maghribia, certains partis politiques représentés dans le Conseil de la ville, dont ceux de l’opposition, ont appelé à revoir le contrat de gestion déléguée, qui arrive à échéance en 2027, reprochant à la Lydec ce qu’ils considèrent comme une «négligence».

Ces mêmes partis, mais aussi des associations et des syndicats, ont reproché à la présidence et au bureau du Conseil de la ville de ne pas avoir assumé pleinement leurs responsabilités en matière de contrôle de l’action de la société délégataire des services communaux, souligne le quotidien. Quant au maire de la métropole, le PJDiste Abdelaziz El Omari, considéré de par ses attributions comme «pleinement responsable» de la catastrophe qui a frappé la ville, il est accusé de s’être dérobé à ses responsabilités, tout en rejetant la responsabilité de cette situation sur la Lydec. Il s’est contenté d’inviter les Casablancais à déposer leurs réclamations, que lui et le Conseil de la ville se chargeront de transmettre à la société!

Par Amyne Asmlal
Le 10/01/2021 à 19h41