Islamophobie, leadership religieux: les explications de l’ambassadrice du Maroc au Vatican

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Revue de presseKiosque360. Pour Rajae Mekkaoui, l’ambassadrice du Maroc au Vatican, l’islamophobie qui s’étend aujourd’hui en Europe n’est pas une affaire de religion, mais plutôt un alibi électoraliste utilisé par les partis d’extrême droite. Le rôle de la diplomatie spirituelle est de contrer cet amalgame.

Le 06/01/2020 à 23h04

Mais que peut bien faire un ambassadeur au Vatican, ce minuscule Etat-église qui, sur les plan économiques, commerciaux, voire politiques, n’a pratiquement rien à échanger avec les autres Etats du monde? Les principes de tolérance et de coexistence entre civilisations, cultures et réligions, répond Rajae Mekkaoui, ambassadrice du Maroc au Vatican, dans une interview accordée au quotidien Al Massae et publiée dans son édition du mardi 7 janvier.

Rajae Mekkaoui, universitaire spécialisée en droit pénal et sciences de la religion, n’est plus à présenter. Elle est non seulement la première femme à avoir donné, en 2003, une conférence devant le souverain lors des causeries religieuses du Ramadan, mais elle est surtout la première femme musulmane et arabe à être nommée ambassadrice auprès du Saint-siège.

Cette forte symbolique de son choix pour ce poste sensible et son acceptation par le Vatican, Rajae Mekkaoui l’explique par l'immense et profond respect que sa sainteté le pape François, né Bergoglio Jorge Mario, voue à Amir Al Mouminine, le roi Mohammed VI. Un respect matérialisé par sa dernière visite au Maroc, au cours de laquelle il a donné des signaux forts sur les relations qui lient deux détenteurs des pouvoirs spirituels, chrétien et musulman.

D’une part, le pape François a élevé l’archevêque de Rabat, Cristóbal Lopez Romero, au rang de cardinal, une promotion qui l’habilite à faire partie de l’élite qui élit le pape, tout en lui rappelant, d’autre part, que le rôle de l’église au Maroc n’est pas de christianiser les Marocains, mais de veiller à la coexistence exemplaire qui a toujours prévalu entre chrétiens et musulmans en terre d’islam. Et Rajae Mekkaoui de rappeler que l’inverse aurait été vrai pour les musulmans en terre de la chrétienté s'il n'y avait ces partis populistes, racistes, xénophobes de l’extrême droite européenne qui, pour des raisons électoralistes, ont fait de l’islamophobie leur fonds de commerce.

Ainsi, elle estime que, dans un monde marqué par les conflits armés, les violences ethnico-religieuses et les périls écologiques, la sagesse et les bonnes initiatives sont les bienvenues. C’est dans ce sens que se déploie régulièrement la diplomatie spirituelle que mènent en concomitance le roi Amir Al Mouminine (Al-Qods, développement de l’Afrique, tentatives de conciliations entre voisins arabes dans le Golfe…) et le pape François à travers ses voyages, ses homélies dominicales et son Urbi et orbi annuel.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 06/01/2020 à 23h04

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Je ne partage pas l'avis de madame l'ambassadrice. En effet, depuis le début de l'année 2020 déjà deux débiles se réclament de l'islam commettent des attentats avec un mort. Nous sommes aussi à l'anniversaire de l’attentat de Charlie hébdo et du supermarché casher. Alors comment vous voulez que l'islam voire le musulman soit bien vu des français ? Il ne faut l'exemplarité des musulmans en Europe. Hélas c'est loin d'être le cas. Pour eux les Européens sont des mécréants qu'il faut éliminer. J'en suis très très triste. Je leur demande de quitter l'Europe s'ils ne sont pas d'accord avec ses principes de laicité. Aillez le courage de partir et de nous laisser vivre en paix

Pas du tout d'accord avec l'ambassadrice quand elle réduit l'islamophobie à sa dimension électoraliste. Non, elle doit s’intéresser avec acuité et attention sur le rôle des médias et la façon dont le musulman est traité, présenté et représenté: comme l'ennemi à abattre, le bouc émissaire, la cinquième colonne, le citoyen de seconde zone, mis à part mais jamais à part entière, des idées préconçues qui se nourrissent de clichés et de préjugés, eux-mêmes issus d'un héritage colonial voire même plus lointain historiquement pour ne pas remonter jusqu'aux croisades.

La "coexistence exemplaire qui a toujours prévalu entre chrétiens et musulmans en terre d’islam". Oui, mais on ne peut pas faire du prosélytisme d'une autre religion que la musulmane en terre de l'Islam sans le risque d'être tué ou arrêté. Voir l'article 220 du Code Penal marocain: Quiconque, par des violences ou des menaces, a contraint ou empêché une ou plusieurs personnes d'exercer un culte, ou d'assister à l'exercice de ce culte, est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 100 à 500 dirhams. Est puni de la même peine, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d'enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement soit pour une durée qui ne peut excéder trois années.

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