La relative accalmée que l’Istiqlal a connue depuis son dernier congrès aura finalement été de courte durée. La tension remonte à nouveau au sein du parti d’Allal El Fassi à l’occasion de l’élection des membres du comité central, commente le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du lundi 29 octobre.
Pourtant, note le journal, cet organe, qui s’apparente beaucoup plus à un énorme «think tank», dont la mission est purement intellectuelle et, accessoirement, consultative, ne devrait pas intéresser grand monde. Ce n’est apparemment pas le cas, au risque de replonger le parti dans l’atmosphère qui a régné pendant le dernier congrès.
Ce qui s’est passé samedi dernier lors de la réunion du conseil national à Rabat pour élire les membres du comité central est la preuve que le parti n’a toujours pas enterré ses démons. Ainsi, note le journal, alors que le secrétaire général Nizar Baraka a tenu à hisser le débat au niveau de la mission de cette instance, évoquant longuement dans son exposé la vision du parti quant au nouveau modèle de développement, les interventions des membres du conseil national étaient focalisées sur le comité central. Ils se sont même livrés une guerre sans merci pour savoir quel clan serait le plus représenté.
Une véritable bataille s’est donc engagée autour des procédures. Les interventions musclées de certaines figures de proue du parti n’ont pas été loin de rappeler celles du dernier congrès, relève Al Ahdath Al Maghribia. L’article 66 des statuts du parti a été cité abondamment, souligne le journal. Cet article précise que le conseil national est formé pour deux tiers par les représentants des régions et pour le tiers restant par les représentants des instances et organisations parallèles du parti. Quant au comité central, il est élu par le conseil national sur la base d’une liste fermée de 100 personnes, formée d’une liste générale et d’un quota pour les femmes et d'un autre pour les jeunes.
Le comité central a toujours été formé de cette manière, souligne le journal. Or, cette fois, un courant du parti, celui conduit par Hamdi Ould Rachid en l’occurrence, déjà échaudé par ce qui s’est passé lors de la désignation du président du conseil national, a poussé le comité exécutif a changer les règles de l’élection des membres du comité central, écrit le journal.
D’après cette décision, les membres du comité central seront désormais élus parmi les représentants des régions. Les opposants à cet amendement, imposé par Ould Rachid, estiment qu’en plus du fait qu’il enfreint l’article 66, il privilégie certaines régions. C’est ainsi que les trois régions du Sahara, contrôlées par ce dirigeant du parti, accapareront pas moins de 27 sièges dans la nouvelle instance au détriment de celles de Rabat et Casablanca par exemple.
Malgré les nombreuses interventions qui ont appelé à respecter une certaine équité entre les différentes régions, qui devraient être représentées au comité central au prorata du nombre de sièges dont elles disposent au conseil national. Mais rien n’y fait, souligne le journal. C’est, en définitive, les nouveaux hommes forts de l’Istiqlal qui ont eu le dessus, conclut Al Ahdath Al Maghribia, notant que l’élection du comité central nous aura finalement renseigné sur ceux qui contrôlent le parti.