Le hold-up de dernière minute tenté par les généraux algériens dans la matinée de ce 1er juin en vue de rapatrier Mohamed Benbatouche, Brahim Ghali de son vrai nom, a fait chou blanc. L’avion qui était venu récupérer le chef du Polisario, à la manière d'un Khaled Nezzar, n’a finalement pas foulé le sol espagnol, mais a été contraint de rebrousser chemin.
Et pour cause. Comme le titre Al Ahdath Al Maghribia du mercredi 2 juin, «le tortionnaire du Polisario a comparu devant la justice» espagnole. En effet, estime Al Ahdath, le juge Santiago Pedraz de l’Audience nationale, la plus haute juridiction pénale en Espagne, a décidé que Brahim Ghali resterait en Espagne pour s’expliquer sur les nombreuses plaintes déposées contre lui, concernant de graves crimes contre l’humanité.
Al Ahdath rappelle que la justice espagnole poursuit le tortionnaire du Polisario, présent pour raison de maladie dans un hôpital de Logrono depuis le 18 avril dernier, dans deux affaires criminelles.
La première et la plus récente est la plainte de Fadel Breïka, un Espagnol d’origine sahraouie, qui a été séquestré et torturé dans un bagne du Polisario près de Tindouf, de juin à novembre 2019, avec plusieurs autres détenus.
Le seconde est celle d’une ONG sahraouie opérant, depuis son siège en Espagne, dans la défense des droits de l’Homme et qui a soulevé plusieurs affaires d’assassinats, viols, terrorisme, génocides et crimes contre l’humanité. Autant dire que le Pol Pot de Rabouni risque de ne plus revoir sa luxueuse résidence de Tindouf, ni sa suite réservée en permanence au club des Pins d’Alger, à cause de sa grave maladie surtout.
En tout cas, selon Assabah de ce 2 juin, les victimes de Brahim Ghali ont massivement manifesté ce 1er juin en Espagne et salué sa comparution devant la justice. Pour Fadel Breïka, «Brahim Ghali est un criminel de guerre qui a torturé et tué des centaines de personnes. Son appel à la barre devant la justice espagnole doit être considéré comme une grande victoire pour ses nombreuses victimes». Il a également ajouté que l’inévitable procès qui attend le chef du Polisario doit s’étendre à d’autres dirigeants séparatistes.
Assabah rappelle également l’échec des généraux algériens dans leurs tentatives d’exfiltrer Brahim Ghali dès qu'ils ont senti que l'étau commençait à se resserrer sur lui. La première a eu lieu quand un avion militaire algérien a atterri la semaine dernière en Espagne, pour le récupérer. En vain. La seconde fois, un autre avion de la présidence algérienne a rebroussé chemin ce 1er juin, en plein ciel, face à la détermination de la justice espagnole d’entendre Brahim Ghali.
C’est qui fait dire à Al Akhbar que le chef du Polisario est désormais en détention provisoire, sans passeport, alors que Santiago Pedraz a exigé son adresse exacte et son numéro de téléphone, afin qu’il soit interrogé en temps voulu par la justice, avec interdiction de quitter le territoire espagnol tant que l’enquête le concernant suit son cours normal.