Bruits de bottes algériens à quelques encablures de la frontière sud du royaume du Maroc. «Le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, a supervisé, mardi, un exercice de tir réel, exécuté par l’une des formations de la 3ème région militaire au niveau du champ des manoeuvres au sud de Tindouf et entrant dans le cadre du suivi du programme de préparation au combat pour l’année 2015-2016», annonce le ministère algérien de la Défense dans un communiqué relayé par le site "Algérie1".
«Préparation au combat» contre qui, alors ? Et pourquoi choisir le sud de Tindouf, situé à une cinquantaine de kilomètres du mur de défense marocain, où sont stationnées les troupes des Forces armées royales, pour organiser des manœuvres militaires qui, plus est, à tirs réels ?
Voilà des questions auxquelles n’a pas répondu le chef d’état-major de l’armée algérienne, qui s’est hasardé, une fois n’est pas coutume, du côté d’une zone extrêmement sensible et concernée par l’accord de cessez-le-feu conclu entre le Maroc et le Polisario le 12 octobre 1991 sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies.
Le déplacement de ce haut galonné algérien dans la «3ème région militaire» algérienne intervient en plus dans un contexte tendu du fait du blocage du processus de négociations sur le différend saharien et de la dégradation «historique» des relations entre Rabat et Alger, qui a culminé ces derniers jours par l’audience accordée par le président algérien Abdelaziz Bouteflika au chef du Polisario, à Alger, et délibérément surmédiatisée par des confrères algériens rompus à la haine anti-marocaine.
Il en ressort que le déplacement de l’adjoint au ministre algérien de la Défense, qui n’est autre que le président Abdelaziz Bouteflika, tient plus de la provocation que d’un simple exercice militaire destiné, comme il l’a soutenu via le site de son département, à tester «la préparation au combat» de l’Armée populaire nationale (ANP).
«La finalité de l’intérêt suprême que nous portons à l’exécution des programmes de préparation au combat, de la formation de qualité et de l’instruction continue, est d’atteindre la permanente disponibilité opérationnelle» de l’armée algérienne, a affirmé le général de corps d’armée Gaïd Salah, en se disant «décidé à défendre la souveraineté de notre pays».
«Souveraineté», voilà le mot est lâché. Rappelez-vous, pas plus tard que le 21 novembre dernier, Le360 rapportait que le chef de cabinet de la présidence algérienne, Ahmed Ouyahya, nous attribuait, au détour d’un passage sur Ennahar TV, des «visées expansionnistes»! «Notre voisin, le Maroc, a voulu élargir ses territoires à travers sa Marche Verte qui va à l’encontre de la légalité internationale», a-t-il allégué, au lendemain de la visite historique effectuée par le roi Mohammed VI le 6 novembre à Laâyoune et du discours de vérité que le souverain y a prononcé et où l’implication algérienne dans le conflit saharien a été clairement démontrée et dénoncée.
Il ne fait aucun doute qu’Alger a fait le choix de l’escalade, à la différence près que cette même escalade prend, cette fois, des allures encore plus dangereuses que «l’aventure» du haut galonné algérien à quelques encablures de la frontière marocaine.