Vous souvenez-vous d’Abdelkader Messahel, ancien plumitif sans talent et homme politique sans charisme? L’homoncule fut ministre des Affaires étrangères de Bouteflika entre mai 2017 et mars 2019. Il se distinguait par une servilité sans bornes envers le raïs et un déni de la réalité qui frisait le gag.
Jaloux du dynamisme international des banques marocaines, il les avait diffamées en octobre 2017: «Le Maroc recycle l’argent du haschisch via ses banques dans le continent africain», excréta-t-il. Il accusa également la Royal Air Maroc «de ne pas transporter que des passagers». C’est ainsi que ce minus habens entendait les usages et le langage diplomatique.
L’une de ses spécialités les plus cocasses était sa propension à lire à l’envers les statistiques internationales. Ainsi, quand la Banque mondiale classa l’Algérie au dernier rang du Maghreb dans sa publication Doing Business, le clown Messahel, la tête à l’envers, faisant le poirier perché sur ses petits bras chétifs, proclamait de sa voix de crécelle:
– La Banque mondiale nous a classés au premier rang!
Qui espérait-il convaincre? Le mensonge était tellement évident que la question se posait. Le cas relevait de la psychanalyse. Il semble qu’ayant baigné toute sa vie dans la fanfaronnade, l’affabulation et le bourrage de crâne qui caractérisent l’écriture officielle de l’Histoire dans le pays du nif, Messahel s’imaginait que pour convaincre, il suffisait d’énoncer. Il croyait que le peuple algérien avait été tellement abruti par le régime des caporaux qu’il pouvait avaler n’importe quoi: il suffisait de dire ce n’importe quoi à la télé ou à la radio, avec aplomb.
Après la chute de Bouteflika et de son clan, quand les règlements de compte commencèrent, Messahel disparut, tout simplement, comme un microbe effrayé par une invasion d’anticorps. On ne sait pas où il se terre. Peut-être vit-il tranquillement, sous un faux nom, à Marrakech? Avec une taguia vissée sur le crâne, il conduit peut-être une calèche dans les rues de la ville rouge. À moins qu’il ne végète dans un arrondissement parisien, dans un bien mal acquis, un appartement acheté avec l’argent (détourné) de la rente pétrolière?
En tout cas, il nous manque, l’inénarrable Messahel, ces jours-ci. En effet, le Heritage Institute vient de publier son dernier classement annuel relatif aux libertés économiques dans le monde. Le fameux think tank américain a étudié 176 pays, dont 52 africains. Le classement est basé sur douze indicateurs qualificatifs et quantitatifs: droits de propriété, intégrité du gouvernement et efficacité judiciaire, dépenses publiques, fardeau fiscal, solidité budgétaire, liberté des affaires, liberté du travail, liberté monétaire, liberté commerciale, liberté d’investissement et liberté financière. On voit que c’est du lourd, c’est du sérieux. On ne peut pas tricher.
Le classement mondial est dominé par Singapour, la Suisse, l’Irlande, Taiwan et le Luxembourg. Sans surprise, le Maroc occupe le premier rang au niveau de la région Afrique du Nord.
Et l’Algérie, la 3ème puissance économique mondiale selon Tebboune? Eh bien, elle est dernière – dernière! – du classement au niveau de l’Afrique du Nord. Et elle se situe au 160ème rang mondial, sur 176 pays. Seuls des pays ravagés par la guerre civile, comme le Soudan, le Zimbabwe, le Venezuela ou totalitaires, comme Cuba et la Corée du Nord, font pire.
Et c’est là que Messahel nous manque. Avec sa manie de lire à l’envers les statistiques internationales, il aurait brandi le classement du Heritage Institute en conférence de presse en croassant:
– L’Algérie est première en Afrique et fait partie des économies les plus performantes du monde!
Reviens, Messahel! On a envie de rire en attendant le f’tour…
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