«La main tendue» du roi en direction de l’Algérie, voilà une expression que l’on retrouve dans les cinq principaux quotidiens arabophones de ce jeudi 8 novembre, qui consacrent leur Une au discours royal marquant le 43e anniversaire la Marche verte et le recouvrement du Maroc de sa souveraineté sur ses provinces du sud.
«Le roi tend la main de la Fraternité à l’Algérie» est le titre choisi par Assabah pour préciser que le souverain s’est dit prêt à ouvrir un dialogue direct et sincère avec le voisin de l’Est, en vue de dépasser les divergences, conjoncturelles ou objectives, qui entravent les relations entre les deux pays. Unité, intégration et complémentarité sont, selon le roi Mohammed VI, les maîtres-mots qui doivent présider à la construction de l’espace maghrébin, dont les pays membres avaient fait preuve d'une solidarité exemplaire pour le recouvrement de leur indépendance. Et le journal de rappeler le soutien apporté par le Maroc à l’Algérie dans sa guerre de libération nationale.
Le quotidien ajoute que, parallèlement à cette main fraternelle tendue, le roi a renouvelé le ferme attachement du Maroc à sa proposition d’autonomie au Sahara et son engagement à réaliser le développement des provinces du sud, dans le cadre du nouveau modèle de développement
Pour sa part, le quotidien Al Massae de ce 8 novembre met l’accent sur l’appel royal à mettre sur pied un mécanisme politique conjoint algéro-marocain de dialogue et de concertation, dont la composition, le format, la nature sont à convenir d’un commun accord. Il a aussi rappelé la fermeté du roi quant à la fin des avantages indus dans les provinces du sud, et l’adoption du principe de méritocratie en vue de l’émergence d’une élite politique locale qui représentera démocratiquement les populations du sud marocain.
De leur côté, les autres quotidiens arabophones ont choisi de donner la parole à des analystes politiques en vue de mettre en exergue la portée du discours royal. Ainsi, dans une déclaration à Al Ahdath Al Maghribia, Abdelmounaïm Lazaâr, chercheur universitaire en sciences politiques, estime que le discours royal, tout en rappelant les constances stratégiques nationales, régionales et internationales du royaume, a été porteur d’une nouvelle initiative. Celle de la «bienséance à l’égard du voisin», l’Algérie, à laquelle il est demandé d’ouvrir une nouvelle page de bon voisinage avec le Maroc dans le cadre d’un dialogue direct, sans intermédiaire.
Al Ahdath rapporte également la réaction au discours royal de Philip J. Crowley, ancien secrétaire d’État américain adjoint pour les Affaires publiques. Selon cet ancien porte-parole du département d’Etat, l’appel royal à un dialogue franc avec l’Algérie est une initiative qui dénote une grande sagesse et est particulièrement bienvenue, à quelques semaines de l’ouverture de la table ronde de Genève, où Algérie et Maroc discuteront directement du dossier du Sahara marocain sous l’égide de l’ONU.
El Mousaoui El Ajlaoui, professeur de relations internationales à l’Institut d’études africaines de Rabat, estime que le discours royal a apporté une nouveauté dans les relations maroco-algériennes. Selon lui, et dans une déclaration rapportée par Al Akhbar, l’appel au dialogue lancé par Mohammed VI tranche avec le contenu des messages échangés par les chefs d’Etat des deux pays, puisqu'il propose de passer concrètement et franchement au dialogue en vue de mettre fin, une bonne fois pour toute, au gel qui caractérise les relations entre les voisins maghrébins.
De son côté, le politologue Mustapha Sehimi, dont les propos ont été repris par Akhbar Al Yaoum, estime que le roi a pris de court tout le monde avec cette nouvelle initiative de la main tendue aux voisins algériens, surtout que cette initiative a été abordée en priorité dans ce discours consacré à l’anniversaire de la Marche verte.