Près de 400 istiqlaliennes et istiqlaliens vont se déplacer à Laâyoune, au début du mois prochain, pour débattre de différents sujets politiques, sociaux et organisationnels ayant trait au parti et à la patrie. C’est Hamdi Ould Rachid, devenu dirigeant influent après l’exclusion de Hamid Chabat, qui a suggéré cette délocalisation, momentanée, de la direction du PI. Cette dernière «qui travaille dans le silence et loin de tout populisme» a décidé de tenir la réunion du comité central en deux sessions, l’une à Rabat et l’autre à Laâyoune.
Une décision qui n’est pas fortuite car elle est considérée comme la réponse au grand meeting organisé dernièrement par le RNI à Dakhla. D’autant que ce rassemblement a été organisé par l’ancien leader istiqlalien, Mohamed Lamine Hormatallah, qui a préféré se rallier au parti de la Colombe. Ce dernier qui a longtemps milité au sein du PI, au temps de Abbas El Fassi, s’est vu dessaisir de ses responsabilités de la région de Dakhla-Oued Eddahab en faveur de son président Yanja El Khattat.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 18 mars, que Hamdi Ould Rachid a senti le tapis lui glisser sous les pieds depuis la rencontre des RNIstes à Dakhla. D’autant que le magnat des élections, Yanja El Khattat, a emmené dans ses bagages des dizaines d’istiqlaliens vers le RNI. Très remonté contre cet exode collectif vers le parti d’Akhannouch, Ould Rachid a décidé de contre-attaquer en organisant des meetings du PI dans la région. Il a tenu à ce que la direction du parti y participe, et à sa tête Nizar Baraka «qui a commencé ses manœuvres d’approche pour briguer la présidence du gouvernement lors des prochaines échéances».
Le secrétaire général, connu pour son calme et sa pondération, ne cesse en effet de multiplier les sorties pour fustiger le gouvernement. Il a usé de la même artillerie verbale lors de la deuxième rencontre régionale du groupe parlementaire tenue, le week end dernier, dans la région de Beni Mella-Khenifra. Il a tiré à boulets rouges sur Saad-Eddine El Othmani, qu’il accuse d’être responsable de la dégradation du pouvoir d’achat des citoyens en supprimant la caisse de compensation et en libéralisant les prix.
Baraka va pousser un peu loin le bouchon en accusant l’Exécutif de ne pas appliquer les directives royales relatives aux projets de développement tels que les routes et les barrages. Le secrétaire général du PI impute les retards dans la réalisation des projets au manque d’homogénéité de la majorité et aux luttes que se livrent ses composantes dont deux partis ont entamé des campagnes électorales avant l’heure. Le patron du parti de la balance n’a pas épargné le gouvernement de Benkirane, qu’il accuse d’avoir ciblé la classe moyenne et gelé le dialogue social. Baraka craint que le gouvernement du PJD ne soit tenté de reporter les augmentations de salaires ainsi que d’autres réformes jusqu’à la fin de la mandature pour, dit-il, l’exploiter dans sa campagne électorale.