«En présentant cette initiative au Conseil de sécurité en 2007, le Maroc a fait l’audacieux pari d’une solution négociée non imposée. Une solution inclusive non partisane. Une solution projetée vers l’avenir et non ferrée dans une vision passéiste», a souligné Omar Hilale, ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, devant la 4ème Commission de l’Assemblée générale de l’ONU, le mercredi 16 octobre à New York.
Il a relevé que les principes et valeurs du Pacte pour l’avenir, récemment adopté par les États membres de l’ONU, prônent un monde plus pacifique, plus juste et plus durable et expriment la détermination collective à résoudre les conflits existants et à construire des sociétés résilientes, capables de vivre en paix et de relever les défis futurs.
Ces principes et valeurs sont ceux-là même que le Maroc a fait siens pour le règlement du différend autour de son Sahara, sur la base de l’Initiative d’autonomie, a fait valoir l’ambassadeur, notant que cette dernière «représente un choix autant stratégique qu’irréfragable, qui se trouve aujourd’hui consacré tant par l’esprit que la lettre du Pacte pour l’avenir», particulièrement ses principes suivants:
Premièrement, le Pacte rappelle le rôle des Nations unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le Maroc ne conçoit pas de règlement de la question du Sahara marocain en dehors du cadre de l’ONU et de son Conseil de sécurité, a fait observer l’ambassadeur, rappelant que Rabat a de tout temps réaffirmé sa pleine adhésion au processus politique, mené sous les auspices exclusifs du Secrétaire général des Nations unies avec la facilitation de son Envoyé personnel.
Il a toutefois déploré que depuis trois ans, ce processus politique se trouve entravé par l’Algérie qui refuse de s’y réengager en sa qualité de partie principale, et ce malgré les appels répétés du Secrétaire général, des résolutions du Conseil de sécurité et des efforts de l’Envoyé personnel.
Deuxièmement, le Pacte consacre la poursuite et l’application de mesures pour promouvoir la paix et la sécurité internationales. Omar Hilale a fait remarquer que le Maroc a toujours fait preuve de bonne volonté et appelé à un dialogue sincère et cordial avec l’Algérie pour le règlement de ce différend, expliquant que cette politique de la main tendue, constamment réitérée par le roi Mohammed VI, émane de la volonté sincère du Souverain de créer un environnement de paix, de sécurité et de concorde dans la région.
Cependant, a relevé le diplomate, ces appels sont restés sans réponse, puisque l’Algérie persiste dans son hostilité à l’encontre de l’intégrité territoriale du Royaume et attise la tension par son proxy, le groupe armé séparatiste «Polisario».
Troisièmement, le Pacte réaffirme l’attachement à la diplomatie préventive, au règlement pacifique des différends et à l’importance du dialogue entre les États. L’ambassadeur a indiqué que l’engagement du Maroc dans ce cadre s’est déjà reflété dans la soumission, en 2007, de l’Initiative d’autonomie, en réponse à l’appel du Conseil de sécurité, soulignant que cette initiative est considérée par le Conseil comme «sérieuse et crédible» dans ses 20 dernières résolutions.
Il a toutefois signalé que l’Algérie refuse depuis trois ans de reprendre sa place autour de la table ronde. «Ce qui porte atteinte au principe du règlement pacifique des différends, paralyse le processus politique pour la résolution de la question du Sahara marocain, bloque les efforts des Nations unies et condamne les populations séquestrées dans les camps de Tindouf à vivre dans des conditions inhumaines, sans aucune perspective d’avenir», a averti l’ambassadeur.
Quatrièmement, le Pacte souligne l’engagement à adopter une approche de coordination et la mise en œuvre de politiques qui préservent les besoins et les intérêts des générations futures. Devant les membres de la Commission, Omar Hilale a précisé que l’Initiative marocaine d’autonomie «propose une gouvernance démocratique locale substantielle, et ce, grâce à une large dévolution des pouvoirs pour une plus grande participation de la population locale à la prise de décision politique. Ce qui est conforme aux principes du Pacte, qui visent à renforcer les communautés locales et à veiller à ce que la gouvernance soit exercée par la population locale et réponde à ses besoins et aspirations».
«Ce n’est malheureusement pas le cas des camps de Tindouf, où les populations séquestrées sont prises en otage par un groupe armé séparatiste, avec la complicité de l’Algérie, les privant ainsi de regagner leur mère patrie, le Maroc afin de participer à la vie politique, économique et sociale des provinces sahariennes», a-t-il déploré.
Cinquièmement, le Pacte appelle à la participation et la représentation des femmes et des jeunes dans la vie politique et économique. Au Sahara marocain, a noté le diplomate, les femmes et les jeunes jouent un rôle central dans la société et jouissent d’un taux de participation politique élevé, y compris dans la gestion des affaires locales à travers des organes législatifs, exécutifs et judiciaires. Ils ont contribué à l’élaboration de l’Initiative marocaine d’autonomie, ainsi qu’aux tables rondes du processus politique.
«À l’opposé, leurs frères et sœurs dans les camps de Tindouf sont victimes de la captation de leur enfance et leur jeunesse par l’Algérie qui les enrôle dans les milices armées du “Polisario”, et ce, en violation du droit international et des principes de Paris», a fustigé l’ambassadeur, ajoutant que l’Algérie a substitué les camps d’entraînement et d’endoctrinement aux écoles et à l’éducation.
Sixièmement, le Pacte insiste sur le renforcement des efforts visant à assurer l’accès à la justice pour tous. L’ambassadeur représentant permanent du Maroc à l’ONU a noté que l’Initiative d’autonomie prévoit plusieurs mécanismes de justice, visant à établir un cadre juridique et judiciaire adapté, notamment la création de tribunaux locaux, favorisant ainsi un accès plus direct et équitable à la justice.
«Pour sa part, l’Algérie a, en violation du droit international, dévolu sa souveraineté, y compris ses pouvoirs juridictionnels dans les camps de Tindouf au “Polisario”, comme cela a été relevé par le Comité des droits de l’Homme», a-t-il dénoncé.
Septièmement, le Pacte appuie la mise en œuvre de politiques économiques, sociales et environnementales. Sur ce point, l’ambassadeur a expliqué que la solution sur la base de l’Initiative marocaine d’autonomie «a le potentiel de renforcer la croissance et le développement économique au Sahara marocain, à travers des initiatives économiques répondant aux besoins de la population locale, particulièrement grâce au Nouveau modèle de développement pour les provinces du Sud, initié par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ce qui a conduit à la création d’emplois et à l’amélioration du niveau de vie».
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Cependant, les 40.000 personnes des camps de Tindouf vivent dans une situation de précarité absolue, aggravée par une dépendance depuis 50 ans de l’assistance humanitaire internationale, systématiquement détournée par le groupe armé séparatiste «Polisario», a encore déploré M. Hilale.
Huitièmement, le Pacte pour l’avenir soutient la mise en place d’institutions pour défendre les droits de l’Homme et les libertés fondamentales. Sur cet aspect, l’Initiative marocaine d’autonomie apporte toutes les garanties pour le respect et la promotion des droits de l’Homme, notamment la représentation locale, l’inclusivité dans la prise de décision, l’indépendance du système judiciaire et la promotion des droits socio-économiques, ainsi que la préservation de l’identité culturelle hassanie, a fait savoir l’ambassadeur.
Il a, par ailleurs, alerté sur les conditions dans les camps de Tindouf qui «sont une prison à ciel ouvert, où les pires exactions sont commises en toute impunité à l’encontre de ces populations qui sont privées de leurs droits les plus élémentaires. Même les mécanismes de traités des droits de l’Homme sont interdits de visite».
Neuvièmement, le Pacte promeut l’intégration et la coopération régionales. En droite ligne avec le Pacte pour l’avenir, l’Initiative marocaine d’autonomie ambitionne de ramener la paix à la région, en consolidant le bon voisinage, en renforçant la stabilité, en favorisant la coopération bilatérale, en créant les conditions de développement et en établissant une intégration sous-régionale et régionale, a indiqué le diplomate. Il a en revanche noté que l’Algérie, pour sa part, agit à contre-courant du Pacte, en fermant les frontières, hébergeant et armant un groupe séparatiste armé, imposant le visa, condamnant l’Union du Maghreb arabe à l’immobilisme, privant ainsi les pays de la région d’un immense potentiel de coopération pour relever les défis, notamment sécuritaires, qui menacent l’Afrique du Nord.