Au moment du vote de la résolution contre le Maroc, le 19 janvier, on ne pouvait pas s’empêcher de penser à cette phrase lancée par le chef de la diplomatie, Nasser Bourita, deux semaines plus tôt à l’adresse de Josep Borrell alors en visite dans notre pays. «Ces attaques au sein des institutions européennes sont orientées et sont le résultat de calculs et d’une volonté de nuire au partenariat Maroc-UE», a notamment affirmé le ministre lors de la conférence de presse tenue à l’issue de la visite du vice-président de la Commission européenne dans notre pays. Est-ce une anticipation de cette résolution? s’interroge le magazine La Vie éco, dans son édition actuellement en kiosque. Difficile de l’affirmer.
Ce que l’on peut affirmer, par contre, poursuit l’hebdomadaire, toujours en citant le chef de la diplomatie, c’est que le Maroc qui se libère, qui renforce son protagonisme et qui se projette sans complexe dans son environnement géopolitique, notamment africain, dérange. A y voir de plus près, on constate certes, que dans les noms ayant déposé le projet de résolution contre le Maroc, figurent essentiellement des élus venant d’Europe de l’Est. Mais ce sont bien des eurodéputés français qui l’ont initiée. Parmi eux, ceux de Renew, composé essentiellement des élus de Renaissance, nouveau nom du parti du président Macron, dirigé par un de ses proches. Stéphane Séjourné a pendant longtemps occupé le poste de conseiller auprès du président, avant de se voir confier la conduite de la liste européenne de son parti. Il y a aussi le groupe Verts/ALE avec ses deux eurodéputés Karima Delli et Salima Yenbou, connues pour leur hostilité envers le Royaume.
Toujours est-il, le processus de préparation, de présentation et de vote de cette résolution a été bien mené. La preuve en est le nombre important de votes favorables. Bien avant que le Qatar ne commence à accueillir les premières équipes du Mondial 22, ce pays a d’abord fait l’objet d’une campagne médiatique qui s’est prolongé dans les arcanes du Parlement européen et a donné lieu au «Qatargate», qui, immédiatement après, a laissé place au «Marocgate». Machinations? Oui, puisqu’au moment du vote, aucun député ne s’est risqué à soutenir ouvertement le Maroc par peur d’être soupçonné de rouler pour le Royaume. Ainsi, la résolution a pu être votée facilement.
Bien sûr, il y a eu de nombreuses réactions de contestation et d’indignation, au Maroc et à l’international. Côté institutionnel, le magazine cite la réaction du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire qui a dénoncé l’ingérence du Parlement européen dans des affaires judiciaires, dont certaines toujours en cours. Le Parlement, avec ses deux chambres réunies, a décidé, lui, à l’issue d’une plénière, de reconsidérer ses relations avec le PE.
Quoi qu’il en soit, conclut l’hebdomadaire, cette affaire repose une fois encore sur cette question de dissonances internes entre les institutions de l’UE. D’un côté, il y a les engagements de la Commission, de l’autre, il y a les parlementaires du PE et les juristes de la CJUE, qui ne sont pas à l’abri des jeux d’intérêts, parfois autres que ceux de l’UE, qui peuvent facilement compromettre la mise en œuvre de ces engagements.