C’est un avant-congrès très mouvementé à l’Istiqlal. L’affaire Moudiane-Mansouri n’est pas encore digérée qu’un dirigeant accuse ouvertement son parti de détournement de fonds et de manipulation de marchés.
Un membre du Conseil national du parti, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 6 et 7 avril, vient de lever le voile sur des faits qui, estime-t-il, confortent des soupçons de corruption, de détournement de fonds et de dilapidation des deniers publics.
C’est l’objet d’une plainte déposée devant le procureur du Roi par cet istiqlalien contre un autre dirigeant du parti, chargé de la gestion des marchés lancés par la formation et financés dans le cadre des aides supplémentaires de l’État consacrées aux études et aux travaux de recherche.
A en croire le quotidien, la plainte déposée par le dirigeant istiqlalien comporte des accusations graves. Il y est question d’attribution de marchés portant sur plusieurs millions de dirhams à des sociétés appartenant à des dirigeants du parti. Le plaignant aurait même évoqué des «sociétés fictives qui n’ont jamais présenté de déclaration d’impôts depuis des années».
L’auteur de la plainte a également fait appel aux services de l’Organisation marocaine de protection des biens publics et demandé l’appui d’un avocat. L’organisation a exigé l’ouverture immédiate d’une enquête sur des cas «de dilapidation et de détournement de fonds publics et de faux et usage de faux», tout en accusant certains responsables de partis politiques.
L’ONG a ainsi appelé le Parquet à auditionner les responsables de centres de recherche et bureaux d’étude qui ont réalisé des missions au profit des partis politiques, financées dans le cadre des aides supplémentaires versées par l’État. La plainte déposée par l’organisation reprend pratiquement les mêmes attendus et les mêmes griefs qu’une autre plainte déposée plus tôt devant le Parquet par l’Association marocaine de protection des deniers publics (AMPDP).
L’Organisation, au même titre que l’AMPDP, s’appuie sur les conclusions du dernier rapport de la Cour des comptes relatif aux finances des partis politiques, et plus particulièrement la partie consacrée aux modes de dépenses des aides supplémentaires destinées aux études et à la recherche.
L’organisation affirme avoir minutieusement étudié le contenu de ce rapport ainsi que la plainte déposée par le responsable istiqlalien et conclut à l’existence de «cas d’infractions et d’irrégularités qui pourraient avoir un caractère pénal» dans la gestion de cette aide.
Entre autres irrégularités relevées et étayées par des chiffres, des cas de «réalisation d’études qui ne correspondent pas aux normes scientifiques et juridiques et l’utilisation de ces études comme excuse pour alimenter les comptes bancaires de certains cadres des partis et de leurs proches».