Jeudi 11 février, le conseil d’administration de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a adopté une décision retentissante qui continue à faire couler beaucoup d’encres: désormais, les futurs candidats aux postes de responsabilité de la Confédération (présidence et vice-présidence de la CGEM, des antennes régionales et des fédérations internes), ne doivent pas avoir assuré, durant les six derniers mois, des fonctions exécutives de responsabilité dans les organes décisionnels des partis politiques, ni au niveau national ni à l’échelle régionale (bureau politique, conseil national, coordinateurs régionaux, etc.).
Cette résolution, que le patronat justifie par la nécessité d’assurer la neutralité et l’indépendance de la CGEM, a visiblement du mal à passer auprès du Parti de l’Istiqlal (PI). Ses dirigeants, qui viennent de réunir les membres de leur bureau exécutif, se sont dans la foulée fendus d’un communiqué incendiaire, critiquant vertement cette décision du patronat.
«Le Comité exécutif du PI réitère l'avertissement sur la gravité de ce que la CGEM tente d’entreprendre afin de modifier les lois afin de priver ses membres, qui souhaitent se présenter aux élections, de leur droit à l'affiliation politique garanti par la Constitution et par toutes les conventions internationales sous prétexte de neutralité», s’insurge le PI. Ce parti considère que la résolution adoptée par le conseil d’administration de la CGEM est «une violation des principes de la constitution et un acte discriminatoire contraire aux lois».
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Le Comité a également mis en garde contre «les conséquences d’impliquer la CGEM dans des conflits politiques par procuration au profit d'un parti particulier, et de confectionner ses lois à des fins politiques et électorales». Le communiqué ne cite toutefois pas le parti visé par cette diatribe.
Les dirigeants du parti de l'Istiqlal appellent, en outre, à faire en sorte que toutes les organisations professionnelles des employeurs soient représentées à la Chambre des conseillers, et à ce que la représentation ne soit pas monopolisée par une seule instance.
Le communiqué évoque enfin «le danger de l’alliance de l'argent et de la politique au Parlement». Selon le PI, une telle alliance est de nature à exercé des pressions pour l’adoption d’amendements qui «servent les intérêts privés d’entreprises spécifiques et renforcent leur domination et leur monopole sur le marché».
Contacté par Le360, un président de fédération interne à la CGEM réfute les «accusations» du PI, en rappelant que ladite résolution a été approuvée quasiment à l’unanimité des membres du conseil d'administration (94%). «Cette mesure concerne d'ailleurs tous les partis politiques et non pas uniquement le PI», a-t-il ajouté.