Pèlerinage: le ministre des Habous s'emporte au Parlement

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Revue de presseKiosque360. Lors d’une séance de questions à la Chambre des représentants, un député a évoqué le calvaire vécu par les pèlerins marocains à la Mecque. Le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed toufiq, s’est alors emporté et a quitté l’enceinte du Parlement en vociférant.

Le 20/11/2018 à 20h55

Le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, n’a pu garder son calme quand il a été interpellé, lundi dernier, par un député lors d’une séance de questions à la Chambre des représentants. Il s’en est violemment pris aux parlementaires quand le député Mohamed Lahmouch l’a interrogé sur le «calvaire» vécu par les pèlerins marocains à la Mecque. L’élu du Mouvement populaire (MP) a accusé le ministère de «s’être comporté en spectateur face à l'humiliation ressentie par les pèlerins marocains quand ils ont été hébergés dans un lieu jouxtant des toilettes publiques. Ils ont vécu un calvaire, mais ils ont été bien plus blessés par ce manque de considération. Un grand nombre d’entre eux se sont égarés et n’ont pu accomplir la totalité des rites du pèlerinage».

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mercredi 21 novembre, que le ministre s’est emporté et s’en est pris au député du MP avant même que celui-ci n’ait terminé son intervention. Contrairement à son habitude, Ahmed Toufiq a perdu son sang-froid et a quitté l’enceinte très en colère. Un comportement qui a irrité les parlementaires qui n’ont pas hésité à le condamner, considérant cette attitude comme une offense à l’institution législative. Le ministre n’a pas respecté les lois régissant le déroulement des séances publiques du Parlement en interrompant le député qui lui posait une question. Haussant le ton, le ministre a déclaré que ce que disait le député et que ce que ne cessaient de répéter les représentants de la Nation sur ce sujet était totalement faux.

Les parlementaires, très remontés, ont demandé à la présidente de la séance de leur donner la parole dans le cadre d’un point d’ordre pour avertir le gouvernement. «Je crois que nous sommes dans une institution parlementaire qui contrôle les ministres et qui fait le suivi de leurs travaux, et non l’inverse», s’est exclamé l’un des députés qui a appelé à respecter la séparation des pouvoirs et à faire en sorte que le gouvernement et le Parlement coopèrent, comme le dispose la Constitution. «On ne fait pas de la surenchère sur ce sujet. Tous les Marocains ont vu ce qui s’est passé pendant le pèlerinage, et le fait que les pèlerins ont été hébergés près des toilettes publiques ne nous honore pas», a-t-il lancé au ministre.

Suite aux protestations des parlementaires, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a dû contacter Ahmed Toufiq par téléphone pour lui demander de regagner l’enceinte du Parlement. D’autant que c’est lui qui avait demandé d’avancer les questions sectorielles afin de se consacrer à la préparation de la cérémonie religieuse présidée par le roi Mohammed VI à la mosquée Hassan II, à l’occasion de l’Aïd Al Maoulid.

Le ministre des Habous a fini par rejoindre la salle des séances, sans toutefois parvenir à retrouver son calme. «Certains se sont spécialisés dans la publication de rumeurs sachant, pourtant, que la gestion de la saison du pèlerinage qui n’est pas du ressort de leur ministère», a-t-il déclaré en réponse à la question du député Mohamed Lahmouhe. «Il existe une différence entre les pèlerins qui voyagent sous la supervision de mon ministère et ceux qui ont recours à d’autres moyens», a-t-il ajouté, citant notamment les agences de voyages qui, dit-il, «doivent assumer leurs responsabilités quant à ce qui peut arriver à leurs clients». Le ministre a conclu son intervention en appelant les parlementaires à s’assurer de la véracité de tout ce qui est publié avant d’en faire état.

Par Samir Hilmi
Le 20/11/2018 à 20h55