Le Japon fait un pas de plus vers la position du Maroc s’agissant de son Sahara. Si, jusqu’ici, Tokyo s’est limitée à appuyer le processus onusien de règlement du conflit, la donne est en train de changer. Dans un message de félicitation adressé au roi Mohammed VI à l’occasion du 24ème anniversaire de son intronisation, l’ambassadeur du Japon au Maroc, Hideaki Kuramitsu en a apporté la preuve. On peut ainsi y lire que le Japon «réitère l’importance de résoudre la question du Sahara occidental d’une manière rapide et pacifique à travers des négociations entre les parties sous les auspices des Nations unies, et soutient les efforts de médiation menés par le Secrétaire général des Nations Unies et son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, M. Staffan de Mistura».
Surtout, «le Japon prend note de la proposition marocaine présentée le 11 avril 2007 au Secrétaire général et se félicite des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement de cette question comme exprimé dans les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité», écrit l’ambassadeur.
Une nouvelle orientation de la diplomatie japonaise
Il s’agit donc d’une nouvelle orientation donnée par la diplomatie japonaise quant à sa perception et sa contribution au règlement du différend autour du Sahara. La nouvelle position s’ajoute à celle de bien d’autres pays qui soutiennent désormais ouvertement et fermement la proposition d’autonomie et la pleine souveraineté du Royaume sur le Sahara occidental. La dernière en date n’est autre que celle d’Israël. Avant Tel-Aviv, les États-Unis avaient également franchi le pas. Ceci, au même titre que nombre de pays européens, à commencer par l’Espagne et l’Allemagne, qui se sont alignés sur l’option d’autonomie comme seule issue valable au conflit, enclenché, nourri et entretenu par le voisin algérien via son proxy, le Polisario.
Il faut dire que des signes avant-coureurs laissaient entendre que la nouvelle décision japonaise se profilait. Ancien ambassadeur du Japon au Maroc, Takashi Shinozuka n’avait d’ailleurs pas caché sa satisfaction lors de l’annonce de a reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara par Tel-Aviv. Pour lui, la décision d’Israël de reconnaître la marocanité du Sahara et d’ouvrir un consulat dans la ville de Dakhla devrait donner une nouvelle impulsion à cette dynamique. Sur le plan des investissements, le diplomate a tenu à souligner que les capitaux juifs aux États-Unis et de par le monde devraient s’intéresser davantage à la région. Les capitaux européens, qui ont déjà manifesté leur intérêt dans ce sens, devraient certainement suivre cette dynamique prometteuse.
Par ailleurs, l’actuel ambassadeur japonais Hideaki Kuramitsu s’est dit «très heureux» de constater que depuis l’indépendance du Maroc en 1956, le Japon et le Maroc n’ont cessé de construire «d’excellentes relations» bilatérales à travers des échanges actifs à différents niveaux, y compris entre les Familles impériale et royale.
«En particulier, la visite au Maroc de Son Altesse Impériale le Prince héritier Naruhito en 1991 et la visite d’État au Japon de Sa Majesté le roi Mohammed VI en novembre 2005 ont été des événements historiques pour nos deux pays», rappelle Hideaki Kuramitsu.
Renforcement des liens de coopération
Les relations économiques bilatérales entre le Maroc et le Japon ont connu un renforcement significatif ces dernières années. Aujourd’hui, ce sont plus de 70 entreprises japonaises qui opèrent au Maroc, se positionnant ainsi en tant que principaux employeurs du secteur privé dans le pays. «Le Japon espère vivement consolider les excellentes relations économiques bilatérales existantes, ainsi que le partenariat bilatéral dans un large éventail de domaines, notamment politique, social et culturel», ajoute le diplomate.
Pour rappel, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), bras financier du gouvernement japonais pour la coopération, a décidé de porter à un niveau plus élevé son partenariat avec le Maroc en lui réservant une enveloppe budgétaire de 500 millions de dollars pour l’année 2023. Les secteurs prioritaires pour le prochain programme sont l’eau, l’agriculture, l’éducation, la santé, le transport et la pêche.