Au moins 800.000 salariés du secteur privé ne sont pas déclarés à la CNSS, dont 50% sont actifs dans le secteur agricole et d’autres activités précaires.
Ce sont des chiffres alarmants que contient le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental, écrit le quotidien Assabah dans sa livraison du week-end des 14 et 15 juillet. Selon ce rapport, le Maroc est l’un des pays qui investit le moins dans les secteurs sociaux. En effet, note ce document que le CESE vient de mettre en ligne, les dépenses publiques en matière de sécurité sociale, notamment santé et retraite, représentent moins de 5% du PIB. Ce qui représente un budget de 60 milliards de dirhams.
En outre, d’après un récent rapport de l’Organisation internationale du travail, le Maroc est classé parmi ceux présentant un faible niveau de volonté politique pour investir dans le domaine social. Cette volonté politique est mesurée via la part des dépenses de santé et d’éducation publique, en pourcentage des dépenses publiques totales. Tenant compte de cette donnée, précise Assabah citant le CESE, le Maroc fait partie des pays affichant la volonté politique la plus faible (21,6%) comparée par exemple à l’Ethiopie qui aurait ainsi la plus forte volonté (69,6%).
Pour ce qui est de l’emploi, le rapport du CESE note que l’évolution annuelle de l’effectif de l’ensemble des salariés entrants et celle des assurés qui cessent d’être déclarés avant la retraite renseigne sur un niveau élevé de fluidité du marché du travail dans le secteur privé organisé. Ce que le CESE interprète à la fois comme un blocage structurel, une étroitesse et une fragilité du marché du travail formel. Cela conduit, précise le journal, à une réduction des capacités du régime de sécurité sociale à retenir et accroître l’effectif des personnes assurées et, a fortiori, à améliorer les niveaux de prestations qui leur sont offertes.
S’agissant de la protection sociale, le rapport du CESE précise que les deux tiers de la population active ne sont pas couverts par un régime de pension et près de la moitié (46%) de la population active ne bénéficie pas d’une couverture médicale. De même, seule une minorité de salariés du secteur privé bénéficie d’une assurance sociale spécifique contre les accidents du travail et les maladies professionnelles.
Par ailleurs, selon la même source, le nombre de travailleurs décédés suite à un accident du travail est estimé à 3.000 par an. Cela alors que la moyenne annuelle des accidents du travail déclarés en 2017 s’élève à 42.416 accidents d’après les chiffres issus d’estimations du ministère de l’Emploi et de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale. Ce qui fait dire au CESE, qui cite le Bureau international du travail, qu’au Maroc, le risque d’accidents de travail est le plus élevé de la région du Maghreb et du Moyen Orient et c’est le secteur du BTP qui concentre le plus grand nombre, soit 10% des sinistres.
Cela dit, précise Assabah, les différentes réformes entreprises par le Maroc dans le domaine n’ont pas donné lieu à la généralisation de dispositifs de prévention des accidents du travail et ont fragilisé les mécanismes de prévention des risques de maladies professionnelles. En même temps, les politiques publiques en faveur de l’emploi et de la protection sociale des personnes sans emploi sont, elles aussi, limitées aussi bien en termes de ressources qu’en termes de vision stratégique et d’efficacité. La loi de finances pour 2018 consacrait un budget prévisionnel de 1,25 milliard de dirhams en faveur de la politique de l’Emploi, soit moins de 0,5% du total des dépenses de l’Etat.