Pour la première fois, des manœuvres militaires algéro-russes portant le nom de code «Bouclier du désert 2022» se déroulent en territoire algérien, et ce depuis mardi 15 novembre. L’hebdomadaire Al Ayyam rapporte, dans sa dernière édition, que ces exercices militaires terrestres, qui se poursuivront jusqu’au 28 novembre, ne ressemblent pas aux manœuvres précédentes, pour deux raisons principales. La première est qu’elles sont organisées dans un contexte de dangereuse campagne d’escalade menée par le régime algérien contre le Maroc depuis sa décision unilatérale de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021. D’un autre côté, ces exercices militaires ont lieu au moment où les relations entre la Russie et l’Occident, dirigé par les États-Unis, ont atteint un degré de tension jamais égalé depuis la crise des missiles de Cuba en 1962. Pour rappel, les États-Unis ont reconnu, en décembre 2020, la marocanité du Sahara que l’Algérie s’entête, de manière obsessionnelle, à contester. Face à cette situation complexe, beaucoup de questions se posent autour des véritables objectifs et du timing de ces manœuvres miliaires conjointes entre l’Algérie et la Russie. De prime abord, ces exercices, qui rassemblent cent experts russes et autant de militaires algériens, se déroulent à balles réelles avec des missiles et des hélicoptères à partir de la base militaire de Bechar, située à 80 kilomètres des frontières marocaines. Selon un communiqué officiel, les manœuvres visent à «lutter contre le terrorisme au Sahara et à détecter et neutraliser les groupes terroristes actifs dans la région». Dans une tentative de camoufler les véritables objectifs de ces opérations, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharov, avait déclaré en septembre dernier que «la participation de son pays à ces exercices n’était dirigée contre personne et ne visait aucune tierce partie. Il s’agit d’exercices pour lutter contre les groupes terroristes dans la région du Sahara, exercices qui ont été planifiés dans le cadre du programme de coopération militaire avec l'Algérie». L’hebdomadaire Al Ayyam souligne que certains services de renseignement évoquent des messages «codés» que la Russie cherche à faire parvenir à l’Occident, tout comme l’Algérie cherche à les faire passer au Maroc. Une situation ambiguë qui a poussé des médias français et américains à se demander ce «que font les armées algérienne et russe à la frontière marocaine». Une source haut placée indique que les militaires russes qui participent à ces manœuvres ne sont pas des soldats, mais des experts spécialisés dans l’installation de bases de lancement de missiles balistiques sophistiqués, comme ceux utilisés par la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. Ces exercices sont d’autant plus importants symboliquement pour la junte algérienne qu’ils sont effectués à partir d’une base que le général Lyautey avait construite pour préparer le démantèlement de l’empire marocain et la spoliation du Sahara oriental. Des rapports des services de renseignement indiquent que la Russie a mesuré l’importance de cette base spécialisée dans la production des missiles, tandis que l’Algérie compte l’utiliser pour équilibrer les rapports de force avec le Royaume et riposter aux manœuvres de l’exercice «African Lion» coorganisé par le Maroc et les États-Unis, avec la participation de plusieurs pays. Le régime algérien est, en outre, hanté par le lancement de la construction au Maroc de bases pour la fabrication des drones-suicides israéliens. Quant aux experts russes, qui participent à ces manœuvres, ils n’ont aucune relation avec la lutte contre les groupes terroristes car les dirigeants de leur pays ont délégué cette mission au groupe Wagner, mais ils sont plutôt spécialisés dans les missiles de longue portée. Ce qui pousse le Maroc à suivre de près ces exercices militaires, tout comme les officiers de l’OTAN qui les surveillent via des satellites.