Le projet de réforme de la fonction publique médicale, dont les grandes lignes ont été dévoilées vendredi dernier, à la Commission des finances de la Chambres des représentants par Fouzi Lekjaa, ministre délégué en charge du Budget, crée déjà des remous au sein de la profession.
Dans une lettre datée du 1er novembre adressée à Fouzi Lekjaa et au ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), exprime sa ferme opposition à cette réforme.
La mesure la plus décriée par cette organisation syndicale est celle qui prévoit de réformer en profondeur le système de rémunération des médecins du public afin d’instaurer le paiement du médecin à l’acte.
«Un médecin ne peut pas être un fonctionnaire», avait notamment déclaré Lekjaa. «Un médecin doit être rémunéré à l’acte pratiqué, avec un seuil minimum et un plafond. S’il arrive à atteindre 100.000 dirhams par mois, tant mieux pour lui, s’il préfère travailler peu et gagner 30.000 dirhams, c’est son choix également», avait-il expliqué.
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Des arguments qui, visiblement, n’ont pas convaincus le SIMSP: «nous le disons à tous avec clarté: nous condamnons les récentes déclarations du ministre délégué chargé du budget», fait savoir le syndicat, qualifiant «d’infondées» les justifications de Lekjaa, «qui se cache derrière une logique comptable et une approche purement financière qui ne prend pas en considération la dimension sociale».
Qualifiant ce projet de réforme de «dangereux», le SIMSP déplore par ailleurs l’absence de consultations des médecins du secteur public par le gouvernement pour élaborer ce texte de loi qui s’apprête à faire son entrée dans le circuit législatif. «Nous condamnons la dissimulation injustifiée et le secret sur les détails de ce projet de loi», tonne le syndicat.
Le SIMSP indique rester attaché à l'adoption d'un système de salaire fixe suffisamment motivant. Il appelle aussi à l’autorisation de l’indice 509 avec toutes ses indemnités, une mesure qui figure en tête de leur cahier revendicatif et qui, en cas d’application, permettra une augmentation des salaires.
Sur ce point précisément, Fouzi Lekjaa avait déclaré, devant les membres de la commission des finances, qu’une hausse des salaires des médecins du publics en s’appuyant sur le système actuel de rémunération ne permettrait pas d’améliorer de manière conséquente les revenus des médecins du public. «7.000 dirhams par mois pour un médecin au Maroc est insuffisant. Même en procédant à une revalorisation amenant les salaires à plus de 8.000 dirhams, cela reste un niveau de revenu insuffisant pour les médecins», avait-il déclaré.
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Selon Lekjaa, la problématique de la rémunération des médecins du public appelle une réponse beaucoup plus globale, qui doit s’inscrire dans le cadre d’une révision profonde de la fonction publique médicale, dont l’un des piliers sera le paiement des médecins à l’acte pratiqué. «Nous devons rompre avec les anciennes considérations liées à l’échelon, l’échelle, le grade…», avait-il préconisé.
Le SIMSP veut au contraire que tous les droits et acquis des médecins publics soient préservés. Il appelle à l’ouverture «d’un débat national» autour de ce projet. Et de prévenir: «nous mettons en garde contre toute tentative d’imposer de manière unilatérale ce projet».