Le gouvernement a pris la décision unilatérale de proposer sa vision de la réforme des retraites. Une décision qui n’est pas du goût des centrales syndicales. Dans une interview au quotidien arabophone Al Massae, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), précise que si le gouvernement essaye de mettre les syndicats devant le fait accompli, leur réponse risquerait de paralyser le pays.
«Nous avons décidé d’observer une grève de 24 heures. Nous en observerons une deuxième, de 48 heures cette fois-ci», a-t-il assuré. Pour les centrales syndicales, le gouvernement devrait immédiatement revoir sa décision. «Si le gouvernement veut maintenir la paix sociale, il doit revenir à la raison et reprendre les négociations», a prévenu Miloudi Moukharik.
Tout en qualifiant la proposition du gouvernement de provocatrice, Moukharik a tenu à préciser que les centrales syndicales n’étaient pas contre l’idée d’une réforme du système des retraites. «Partout dans le monde, les caisses de retraites ont des difficultés. Celles que vit la Caisse marocaine de retraite est due à une mauvaise gestion. Il est hors de question que l’erreur soit réparée au détriment des fonctionnaires», a ajouté le secrétaire général de l’UMT.
D’un côté, chacun des directeurs généraux qui se sont succédé à la tête de la Caisse ont fait ce que bon leur semblait. De l’autre, la Caisse a longtemps été considérée comme une annexe du ministère des Finances. De ce fait, l’ensemble des cotisations des fonctionnaires était utilisé pour financer le budget de fonctionnement des ministères. «Nous pensons que la Caisse devrait bénéficier d’une totale indépendance et autonomie financière et administrative», a plaidé Moukharik.
Résultat des courses, plus de 19 milliards de dirhams de dettes qui se sont accumulées depuis 1960. Une situation sur laquelle les centrales syndicales ont, dès 2003, attiré l’attention. Et des ministres de l’époque ont été informés des faits. «Nous avions alerté le Premier ministre de l’époque, Driss Jettou, ainsi que Fathallah Oualalou, ministre des Finances alors en poste. Au début, ils avaient du mal à croire ce que nous leur affirmions. Ils ont alors demandé un délai d’une semaine pour étudier ce dossier», a affirmé le secrétaire général.
La proposition des deux ministres ne s’est pas fait attendr augmenter d’un point par an le taux servant de base pour le calcul des cotisations. Celui-ci devait passer de 7 à 10%. «Nous avions exigé, en contrepartie, que l’Etat s’acquitte de toutes les dettes des troisdernières années. Un protocole d’accord sur dix ans avait été conclu pour garantir le bon fonctionnement de la Caisse. Suite à quoi, il a été décidé une augmentation générale des salaires», a rappelé Moukharik. Aujourd’hui, au lieu de s’améliorer, la situation a empiré.