Résolution 2797 de l’ONU sur le Sahara: comment l’Algérie a retardé sa publication en vue de pervertir la traduction du texte final

Amar Bendjama, représentant de l'Algérie à l'ONU-New York.

Amar Bendjama, représentant de l'Algérie à l'ONU-New York.. 2024 Getty Images

La résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre 2025, a révélé bien plus qu’un tournant décisif dans le dossier du Sahara. Elle a exposé au grand jour une manœuvre singulière de l’Algérie, qui a tenté d’en altérer la version en langue arabe pour limiter les parties au conflit à deux, soit le Maroc et le Polisario, allant jusqu’à en retarder la publication. En dépit des pressions algériennes en coulisses pour s’exonérer de sa responsabilité, Alger a essuyé un revers diplomatique cinglant, la résolution consacrant sans ambiguïté le plan d’autonomie marocain comme seule base sérieuse des négociations à venir et auxquelles Alger est sommée de participer.

Le 26/11/2025 à 11h52

La résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre 2025, marque un tournant décisif dans le dossier du Sahara tout en révélant une manœuvre singulière, la tentative de l’Algérie de manipuler le texte final avant sa publication. Le Secrétariat des Nations Unies a confirmé que le retard exceptionnel de 24 jours dans la diffusion du texte était dû aux interventions insistantes de l’Algérie, qui s’est opposée à la traduction arabe de l’expression «les parties» et a joué en coulisses pour son remplacement par «les deux parties». Cette démarche visait à infléchir le sens de la résolution en effaçant la responsabilité directe d’Alger dans le conflit et en tentant de réduire le processus politique à un tête-à-tête entre le Maroc et le Polisario.

Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur irritation face aux pressions algériennes exercées sur le personnel du Secrétariat, ces manœuvres ayant notamment entravé pendant plus de trois semaines la publication officielle du texte. Finalement, ces tentatives ont échoué. La résolution a été publiée dans les six langues officielles de l’ONU en gardant intacte l’expression «les parties», confirmant clairement, et une fois de plus, que le processus politique implique quatre acteurs (le Maroc, le Polisario, la Mauritanie et l’Algérie) et non deux, comme Alger souhaitait le faire croire. La résolution nomme l’Algérie et le Polisario une seule fois dans la résolution. Ce qui établit une parfaite équivalence entre les deux entités et confirme le statut de l’Algérie en tant que partie prenante au conflit, au même titre que le Polisario.

L’adoption de la résolution par onze voix favorables, sans aucun vote contre et avec trois abstentions, a constitué un revers supplémentaire pour Alger, qui a choisi de ne pas participer au vote. Le veto russe, longtemps brandi par les relais algériens, ne s’est jamais matérialisé, ce qui a permis au texte de passer largement le seuil requis. Cette adoption consacre l’autonomie sous souveraineté marocaine comme la solution la plus réalisable et précise que les négociations devront être menées en s’appuyant sur la proposition d’autonomie du Maroc. La résolution écarte ainsi définitivement l’option du référendum et recentre le cadre onusien sur la seule initiative jugée crédible et praticable. Partant, et ayant totalement perdu la partie, l’Algérie tente depuis de jouer sur les mots et des coudes, y compris au sein du Conseil de sécurité. C’est pour le moins pathétique.

Le texte adopté et publié n’en apporte que davantage une clarification essentielle. Pour le Conseil de sécurité, la véritable partie étatique impliquée dans le conflit est l’Algérie. En parlant de «toutes les parties» et jamais de «deux parties», le Conseil confirme que les négociations doivent associer Alger et non se réduire à une discussion entre Rabat et le mouvement séparatiste. Les parties sont appelées à s’engager dans des discussions sur la base du plan d’autonomie et sans conditions préalables, ce qui écarte toute tentative algérienne d’imposer de nouveaux prérequis. Le secrétaire général devra également présenter, dans les six mois, un examen stratégique du mandat de la mission, en tenant compte des résultats des futures négociations. L’Algérie aura beau jouer la montre, le temps est compté.

En attendant, l’échec des tentatives algériennes de modifier le texte illustre un isolement diplomatique désormais complet. En cherchant à remplacer «les parties» par «les deux parties», Alger a tenté de manipuler le cadre onusien pour occulter son rôle. La publication fidèle du texte initial constitue donc un désaveu clair.

Contre-attaques stériles

La démarche du voisin s’inscrit également dans une longue suite d’altérations de la réalité menée par l’Algérie. Alors que la résolution était en adoption à New York, Alger a mené jusqu’au bout une offensive diplomatique visant à infléchir la résolution onusienne sur le Sahara, en tentant d’y introduire la mention d’une «proposition élargie» attribuée au Polisario. Présentée comme un contrepoids au plan d’autonomie marocain par Amar Bendjama, représentant du régime d’Alger à l’ONU, cette initiative improvisée s’est heurtée à l’absence totale de fondement officiel et de soutien international. Malgré une activité soutenue dans les couloirs de l’ONU et la rupture de la procédure de silence déclenchée par les États-Unis, signifiant la fin des amendements, aucun membre du Conseil de sécurité n’a appuyé la démarche algérienne, qui a rapidement été perçue comme une tentative de perturber un texte désormais structuré autour du plan d’autonomie présenté par le Maroc.

Cette stratégie de dernière minute s’est finalement retournée contre Alger. Marginalisée des négociations après avoir persisté dans une position jugée rigide et irréaliste, l’Algérie n’a pu que boycotter le vote sur la résolution 2797. En réaffirmant clairement le plan d’autonomie comme seule base sérieuse et crédible d’un règlement durable, le Conseil de sécurité a consacré un consensus international que la manœuvre algérienne n’est pas parvenue à fissurer. L’échec de cette tentative d’altération du texte marquait là encore un revers pour Alger et confirmait le renforcement de la position marocaine dans ce dossier.

Qu’à cela ne tienne. Les tenants de la diplomatie algérienne ont persisté dans leur perversion. Dans un entretien/réaction accordé à la chaîne publique algérienne AL24 News le 3 novembre, Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, a tenté de minorer la portée historique de la résolution 2797. Attaf a multiplié les dénégations: déformation du rôle des grandes puissances qui ont soutenu massivement le texte, accusations infondées contre Rabat, mais surtout affirmation mensongère selon laquelle la résolution prévoirait un référendum, alors que le mot n’apparaît nulle part dans le document.

Plus grave encore, le ministre a répété que la résolution appelle «les deux parties, le Maroc et le Polisario», à négocier. Or le Conseil de sécurité parle de «DES parties», en citant l’Algérie, balayant la fiction d’un rôle d’«observateur» qu’elle entretenait depuis des décennies. Cette insistance de Attaf à maintenir l’illusion de deux parties seulement intervient alors que l’Algérie est notamment rattrapée par un demi-siècle de dépenses colossales, soit plusieurs centaines de milliards de dollars, engagées pour soutenir le Polisario.

C’est dans ce même esprit tordu que le même Attaf a poussé le ridicule jusqu’à proposer une offre de médiation entre le Maroc et le Polisario. C’était le 18 novembre 2025 au cours d’une conférence de presse. En tentant de se présenter comme un acteur neutre et, tout d’un coup soudain, bienveillant, Alger cherche à masquer sa propre implication dans le conflit. Cela n’a au demeurant pas empêché Ahmed Attaf de distiller son venin en soutenant que la résolution n’entérinait ni la position marocaine ni la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Ce qui est évidemment faux. Il a affirmé que l’ONU ne s’était prononcée ni sur la base des négociations ni sur leur issue, tout en insistant sur l’autodétermination comme seule voie possible. À l’évidence, il faudra relire le texte final, désormais disponible en six langues au besoin. Ce décalage entre les faits et le discours algérien n’est autre qu’une tentative de réécriture politique de la résolution, destinée à préserver l’image du régime.

Décider aujourd’hui de sortir du conflit en se présentant comme voisin inquiet ou en feignant jouer les bons offices dissimule un repositionnement imposé par les réalités diplomatiques et une manœuvre destinée à gérer une défaite cuisante devenue difficile à cacher. C’est là aussi l’ultime manœuvre d’une Algérie, membre non permanent du Conseil de sécurité, et qui a tenté de toutes ses forces, et au-delà de ce qui est permis, d’enrayer l’avancée historique de l’autonomie sous souveraineté marocaine. Le régime d’Alger a non seulement échoué, mais quitte le 31 décembre le Conseil de sécurité, humilié.

Par Tarik Qattab
Le 26/11/2025 à 11h52