«C’est un suicide politique, car Kaïs Saïed a agi sous les ordres du régime militaire algérien et rien ne pouvait justifier cet acte inamical, si ce n’est des décisions dictées par Alger sous le fort prix du marchandage algérien pour placer la Tunisie sous une respiration artificielle», a affirmé Mohamed Benhamou, directeur du Centre marocain des études stratégiques (CMES), dans un entretien avec Le360.
C’est un «grave incident diplomatique qui éloigne encore plus les aspirations des peuples de la région à une unité maghrébine», a ainsi expliqué le politologue. La position d’hostilité envers le Maroc a commencé il y a longtemps, car le président tunisien «avait gelé la coopération bilatérale depuis qu’il a pris le pouvoir en Tunisie», a relevé cet analyste politique sans omettre de dire qu’aucune visite de délégation tunisienne n’a eu lieu.
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En outre, notent les observateurs, la Tunisie avait surpris en octobre 2021 en s’abstenant de voter en faveur de la résolution 2602 du Conseil de l’ONU sur le Sahara. D’ailleurs, le ministère marocain des Affaires étrangères a souligné cette abstention en affirmant qu’elle a jeté un «doute sérieux et légitime sur son soutien au processus politique et aux résolutions des Nations Unies».
Mohamed Benhamou a en revanche cité les actes de solidarité qu’avait entrepris le Maroc à l’égard de la Tunisie notamment en 2016 «au pire moment des attentats terroristes qui avaient frappé ce pays». «A cette période, le roi Mohammed VI s’était rendu en Tunisie où il s’était promené au milieu du peuple tunisien pour apporter le ferme soutien du Maroc», a rappelé Mohamed Benhamou, le président du CMES.
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Quant aux arguments du président tunisien selon lesquels c’est l’Union africaine qui a invité les séparatistes à participer à la 8e conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, cet universitaire a estimé que ceux-ci ne tiennent pas la route. «Ils ne sont pas du tout convaincants car pourquoi alors le président tunisien n’a pas réservé à l’aéroport le même accueil aux vrais chefs d’Etat de pays africains? Pourquoi donc a-t-il délégué les accueils au chef de gouvernement?», s’est interrogé le politologue marocain.
«Cette mascarade envers le Maroc a été bel et bien préparée à Alger et exécutée par le président contesté en Tunisie, Kaïs Saïed», a martelé l’expert en géopolitique, ajoutant que ce dernier «a perdu toute autonomie de décision politique au profit des généraux d’Alger».
Suite à cette hostilité du président tunisien, le Maroc a rappelé son ambassadeur, Hassan Tarik, pour consultation. Quant aux partis politiques marocains, toutes tendances confondues, ils ont condamné unanimement «l’attitude inadmissible de Kaïs Saïed et sa soumission aux ordres du régime militaire algérien».