S’exprimant devant la Chambre des représentants, à l’occasion de la séance mensuelle dédiée à la réforme de la santé, Aziz Akhannouch a mis en garde contre les négligences qui pourraient apparaître faute de paiement par les adhérents de leurs cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), affirmant que «si tel était le cas, le système signera sa faillite».
«Les remboursements des frais médicaux et d’hospitalisation reposent sur la base d’un système de mutuelle, c’est-à-dire que les cotisations paient les frais engagés par les malades qui devraient être en règle avec leur situation. C’est une responsabilité de l’acte solidaire», a-t-il expliqué. «N’attendez pas de tomber malade pour prétendre à un remboursement après vous être acquittés d’un mois (seulement) de cotisation. Cela ne marche pas comme cela dans ce système de protection que nous voulons réussir», a-t-il poursuivi, s’adressant virtuellement aux personnes qui ne versent pas leurs cotisations.
Si les députés de l’opposition ont insisté sur les insuffisances de rendement liées au secteur de la santé, le Chef du gouvernement a indiqué qu’en 2024, «le budget de la réforme prévoit un financement de 23 milliards de dirhams destiné à accompagner les secteurs concernés». Il a ainsi énuméré la mise en place d’une Agence nationale de santé publique, la mise à niveau et la construction de 1.400 centres médicaux régionaux, pour une enveloppe de 800 millions de dirhams, la création d’une Agence nationale du médicament, qui prévoit l’entrée en service d’une usine de fabrication de médicaments génériques et de vaccins, dont une partie irait vers les pays africains.
La numérisation de la gestion du secteur et la création du dossier médical personnel informatisé ont également constitué une partie de l’allocution du chef de l’Exécutif. À ce chapitre, Aziz Akhannouch a rappelé que le système de santé marocain a besoin «d’une bonne gouvernance et d’une organisation moderne au niveau central et régional», indiquant que la refonte du système de santé passe par une réorganisation profonde des services centraux du ministère de la Santé.
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Autre point sur lequel le Chef du gouvernement a axé son intervention: la formation des ressources humaines (médecins et infirmiers) et des motivations qui seront accordées à celles-ci. «Nous allons réduire progressivement le déficit en médecins, en ramenant à 6 ans au lieu de 7 ans la durée de formation d’un médecin et en dotant les grandes villes de facultés de médecine», a-t-il affirmé.
Aziz Akhannouch a aussi insisté sur le rôle que devrait prochainement jouer «le médecin de famille». «Nous allons introduire dans le circuit de formation des médecins un module dédié à la médecine de famille. Dès 2024, les étudiants en médecine auront à choisir cette discipline, que nous voulons encourager. Le médecin de famille va améliorer la qualité des soins» en assurant une meilleure fluidité dans les hôpitaux, a-t-il expliqué.
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Reconnaissant les avantages qu’offrent les réformes de la santé et de la couverture sociale, les députés de l’opposition (USFP, MP, PPS et PJD) ont toutefois réaffirmé «l’obligation d’entamer l’application des 8 lois et des 20 décrets qui régissent ces chantiers». Ils se sont néanmoins déclarés optimistes quant à la capacité de l’État à assurer les moyens financiers pour accompagner ces réformes.