Faut-il vraiment s’étonner de la position de la Suède en décidant de reconnaître la pseudo-«RASD»? Peut-on feindre la surprise, voire la stupéfaction, dès lors que notre diplomate en chef, en l’occurrence Salaheddine Mezouar, ne prend même pas la peine de proposer au souverain, sur sa fameuse liste des «ambassadoriables», un successeur à Bouchaïb Yahdih, rappelé de Stockholm en 2014 pour occuper le poste de wali de Laâyoune? Est-il normal qu’en Suède, pas plus d’ailleurs que dans cet autre pays important, la Suisse, il n’y ait pas d’ambassadeur pour défendre la première cause nationale, le Sahara marocain, pour ne pas parler des autres intérêts du royaume ?
Parlons clair, parlons vrai : c’est scandaleux que le ministère des Affaires étrangères et de la coopération ait brillé, -et sans jeu de mots-, par son absence dans la sphère nordique, particulièrement en Suède, dirigée depuis 2014 par le Parti social-démocrate des travailleurs, en la personne de Stefan Löfven, ancien ouvrier et syndicaliste connu pour sa sensibilité aux sirènes bêlantes du gauchisme !
L’arrivée de ce parti de gauche au pouvoir, mi-septembre 2014, ne devait-elle pas mettre la puce à l’oreille du ministre Mezouar et se dire qu’il fallait, en ce moment-là et plus que tout autre temps, nommer un ambassadeur à Stockholm au lieu d’opter pour la «politique de la chaise vide» qui -faut-il avoir peur des mots ?- a valu au pays des soucis supplémentaires et dont on se serait volontiers passé ?
Si la capacité d’anticipation est la base élémentaire du métier de diplomate, il faut bien s’avouer que les nôtres, en tout cas un certain nombre d’entre eux, passent à côté de cette règle. Et ce manque d'anticipation génère un travail considérable pour rattraper le temps perdu, alors qu'il aurait suffi de s'impliquer en temps voulu et de mobiliser les bons interlocuteurs pour apporter des éléments de réponses à ceux qui cèdent à la propagande algéo-polisarienne.
Rappelez-vous : pas plus tard que le 4 septembre dernier, Le360 avait tiré la sonnette d’alarme en annonçant que Stockholm s’apprêtait à reconnaître la pseudo «RASD». On rapportait, ici même, que le Premier ministre suédois, Kjell Stefan Löfven, accueillait, en début septembre, au siège du Parti social-démocrate, à Stockholm une délégation de la soi-disant «jeunesse sahraouie», en relayant les propos extrêmement dangereux tenus par le chef de l’Exécutif suédois, qui a dit ouvertement, et sous les yeux amusés des émissaires de Mohamed Abdelaziz, que Stockholm reconnaissait ce fameux «droit du peuple sahraoui à l’autodétermination».
On avait écrit textuellement : «Ce genre d’initiatives n’est pas à sous-estimer, une contre-offensive partisane et parlementaire s’impose avec d’autant plus de force que les pays scandinaves sont connus pour leur sensibilité aux sirènes bêlantes du droit-de-l-hommisme joué à fond par la machine de propagande polisarienne mensongère».
Or, il s’est avéré que cette alerte n'a pas été entendue d'une oreille attentive. Bien au contraire, nous avons eu droit à des «éclaircissements», pour ne pas dire une «mise au point», éventée à d’autres confrères, dans laquelle une «source autorisée» au ministère des Affaires étrangères «minimisait» cette sortie du Premier ministre suédois, et en particulier une proposition de loi présentée en 2014 par les députés du parti au pouvoir recommandant la reconnaissance de la pseudo «RASD» et l’ouverture d’une «représentation diplomatique» du Polisario à Stockholm.
Il aura fallu que cela se confirme pour que nos politiques se réveillent de leur torpeur et reconnaissent la gravité de ce développement qui n’est surtout pas négligeable comme la «source autorisée» du ministère Mezouar s’était employée à (nous) le faire croire, comme si c’était avec nous et pas au parti au pouvoir en Suède qu’il fallait s’expliquer !
Mais passons, car il y a une vérité que les faits ne sauraient démentir : le département de tutelle semble se complaire encore dans une posture de réactivité au lieu de voir la vérité en face et agir de sorte que la présence du Maroc soit encore plus active, voire agressive, pour mieux défendre la première cause des Marocains : le Sahara. Qui, comme l’avait si bien souligné la plus haute autorité du royaume, le souverain Mohammed VI, dans son historique discours commémorant le 39ème anniversaire de la glorieuse Marche verte, le 6 novembre 2014 : «Le Sahara est une question existentielle cruciale, pas seulement une question de frontières».Et, last but not least, le poste d'ambassadeur du Maroc au Koweit est également vacant. Quel curieux hasard que les deux pays (la Suède et le Koweït), directement impliqués dans le projet d'ouverture du magazin IKEA à Casablanca, soient justement des pays où les ambassadeurs marocains sont aux abonnés absents!