«La réalisation de ce projet de station de dessalement d’eau de mer de Casablanca ne recevra aucune aide financière de l’État», a martelé le chef du gouvernement, soulignant le caractère stratégique de cette initiative. Il a également cité la commission interministérielle de l’investissement, qu’il préside, et qui a accordé au projet le label «stratégique». «C’est la meilleure offre qui a remporté le projet», a-t-il affirmé, en précisant qu’elle avait été proposée par un consortium tripartite.
C’est «un investissement de 650 millions de dirhams, une forte somme qui a obtenu la confiance des investisseurs», a-t-il ajouté, avant de répondre aux soupçons exprimés par l’opposition. Selon Aziz Akhannouch, ces doutes seraient liés au fait que la commission interministérielle des investissements est présidée par le chef du gouvernement lui-même. Manifestement agacé, il s’est adressé aux députés de l’opposition en ces termes : «Ne mentez pas aux gens, ce projet a fait l’objet d’un appel d’offres transparent et l’État n’accordera pas de financement en vue de sa réalisation.»
Il a également assuré que «le prix du litre d’eau dessalée par la grande station de Casablanca sera le moins cher» parmi les propositions des autres candidats. Rappelons que l’appel d’offres, lancé le 17 novembre 2024, a été remporté par un consortium composé d’Afriquia Gaz, Acciona, et Green of Africa. Ce projet, initié par l’ONEE, vise à concevoir, financer, réaliser et exploiter, pendant une durée de 30 ans (dont 3 ans pour la réalisation et 27 ans pour l’exploitation), une station de dessalement d’eau de mer. Cette station aura une capacité de 548.000 m³ par jour (soit 200 millions de m³ par an), extensible à 822.000 m³ par jour (300 millions de m³).
Le chef du gouvernement a apporté ces précisions lors de la séance mensuelle de la Chambre des représentants consacrée, ce lundi 16 décembre 2024, à la politique générale de l’exécutif. Les débats sur la station de dessalement ont donné lieu à des échanges vifs entre Aziz Akhannouch et les députés de l’opposition, notamment Mustapha Ibrahimi (PJD). Le clash a duré une dizaine de minutes, au cours de laquelle Akhannouch a défendu la transparence et l’intégrité du processus d’appel d’offres.
Au cours de cette séance, le chef du gouvernement a également dressé un bilan des infrastructures de base réalisées au Maroc ces 25 dernières années, dans les domaines de l’eau, de l’irrigation, des routes, des travaux publics, des chemins de fer, des aéroports et des ports. Il a annoncé que 120 milliards de dirhams seront consacrés aux investissements dans ces secteurs au cours des trois prochaines années. Il a également évoqué l’arrivée de la connexion 5G au Maroc en 2025, ainsi que l’entrée en service du port de Nador, dont la construction, nécessitant un investissement de 10 milliards de dirhams, sera achevée la même année.
De leur côté, les députés de l’opposition ont jugé le bilan insuffisant et critiqué l’absence de justice territoriale, pointant notamment le manque d’attention accordée au monde rural. Ils ont également soulevé des problématiques comme le chômage, qui atteint 13,7%, et les lacunes en matière de santé et de couverture sociale. Driss Sentissi (MP) a déploré: «Nous avons des hôpitaux sans capital humain.» Hassan Lachgar (USFP) et Ahmed El Abbadi (PPS) ont eux aussi insisté sur ces points, en dénonçant des défaillances majeures qui, selon eux, fragilisent le développement du pays.