L’information a officiellement été révélée, la semaine dernière, par le département américain de la Justice, mais sans que celui-ci donne des détails sur la précieuse collaboration reçue de la part de la DGST.
Un article, daté du 25 janvier 2021, et publié sur site américain d’informations News Talk Florida, fournit de plus amples explications sur la manière dont les services marocains, en charge du contre-terrorisme, ont pu éviter un bain de sang, à la fois sur le sol américain, et contre des soldats de l'US Army, déployés au Moyen-Orient.
Rappel des faits. L'homme mis hors d'état de nuire se nomme Cole James Bridges, soldat de première classe dans l’armée américaine. Il s'était radicalisé au cours de ces derniers mois, et était entré en contact avec des jihadistes de Daech. De par la nature de sa mission, il aurait fourni de précieuses informations aux jihadistes de Daech, afin de fomenter des attentats contre des soldats américains déployés au Moyen-Orient, et, plus grave encore, contre le Mémorial du 11-Septembre, au cœur de New York.
Cole James Bridges a été arrêté au cours d'une opération conjointe, menée par le FBI et le service de contre-espionnage de l’armée américaine, et a été présenté devant un procureur fédéral, le 21 janvier dernier.
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Dans son enquête, News Talk Florida éclaire sur d'autres aspects de cette affaire. Selon ce média américain, les activités de ce soldat, connu sous le pseudonyme de Cole Gonzales, avaient été signalées par la DGST aux services de renseignements américains en septembre 2020.
Le mois suivant, un agent du FBI, qui se faisait passer pour un jihadiste de Daech, est entré en contact avec le soldat radicalisé, de manière à en savoir plus sur ses intentions, et sur l’ampleur de l’aide qu’il envisageait d’apporter à l'organisation terroriste.
Une source proche de ce dossier, que Le360 a pu interroger, précise que «l’attention du renseignement marocain a été attirée, au cours de l’été 2020, par le profil radicalisé du soldat américain Cole James Bridges, par son engagement "au service" du djihad, ainsi que par ses connexions avec Daech». Nos sources ajoutent que ce n’est pas la première fois que le contre-terrorisme marocain fournit des renseignements aux services américains. La collaboration sécuritaire entre les deux pays est en effet très étroite et ne date pas d’aujourd’hui.
La DGST veille sur le Maroc et sur… le monde
Avec la mise en échec du plan qui avait été fomenté par ce soldat américain radicalisé, la DGST donne ainsi la preuve, une fois encore, de son efficacité, et a pu éviter de sanglants attentats à plusieurs pays alliés du Maroc.
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Il convient de rappeler, en effet, que c’est la DGST qui avait localisé le lieu où se terrait Abdelhamid Abaaoud, le cerveau des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Ce Belgo-marocain avait pu ensuite être neutralisé à Saint-Denis, dans la banlieue parisienne. Et on ne compte pas les fois où l’apport de la DGST a été déterminant dans d’autres pays, essentiellement en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas ou encore en Allemagne. Sans parler d’une solide coopération avec des pays alliés, en Afrique.
C’est d'ailleurs l'efficacité prouvée de cette coopération qui a valu à la DGST une reconnaissance mondiale avec, à la clé, ce geste inédit dans les annales des hauts responsables de l'administration américaine: le fait que le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, ancien patron de la CIA, se soit rendu en personne, à la fin du mois de décembre 2019, au siège de la DGST, où il avait été reçu par Abdellatif Hammouchi.
Ce n’était certainement pas pour y savourer un «mint tea», comme disent les touristes anglo-saxons, mais pour parler d’une coopération décisive dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, domaine dans lequel le Maroc est devenu, depuis plusieurs années, un acteur de premier plan.