Tribune. Intégrer les mosquées dans la chaîne de soins et activer un potentiel d'un million de lits

Hamid Bouchikhi, doyen de Solbridge International School of Business (Corée du Sud)

Hamid Bouchikhi, doyen de Solbridge International School of Business (Corée du Sud) . DR

Dans cette tribune, Hamid Bouchikhi, doyen de Solbridge International School of Business, basée à Daejeon en Corée du Sud, plaide pour une transformation des mosquées en structures provisoires de santé afin d’accueillir les patients Covid-19 dont les symptômes ne nécessitent pas de soins intensifs.

Le 22/08/2020 à 16h30

Ce billet fait suite à celui du 1er août dans lequel j'ai plaidé pour une gestion plus participative de la lutte contre la Covid-19. Je propose de convertir les mosquées en structures sanitaires provisoires et dirai comment, après avoir expliqué pourquoi il faudrait envisager une telle option.

La croissance accélérée des infections et des cas nécessitant des soins médicaux exerce sur le système hospitalier une pression grandissante qu’il ne peut plus absorber.

La mobilisation de la médecine militaire, dès la première phase de la pandémie, a permis de partager le fardeau avec la santé civile, mais cela ne suffira pas.

Conscient des capacités limitées du système hospitalier, le ministère de la Santé a instauré, par circulaire du 13 août, un nouveau protocole. Les citoyens appartenant à une catégorie à risque ou suspectant une infection doivent d’abord subir un test sérologique dans un dispensaire de quartier. Seuls les cas positifs sont orientés vers l’hôpital le plus proche pour subir un test PCR. Si l’infection est confirmée, mais que le patient ne présente pas de symptômes préoccupants, on lui demande de se confiner chez lui.

Dans l’absolu, le confinement des cas bénins à domicile est une idée de bon sens. Dans le contexte marocain, ce n'est pas une si bonne idée.

Le confinement à domicile est une option adéquate pour ceux qui vivent dans des familles nucléaires et disposent d’un logement où il est possible d’isoler une personne. Pour les autres Marocains, plus nombreux, qui vivent dans des quartiers populaires à forte densité de population et ceux -les mêmes en général- qui vivent à plusieurs dans un espace réduit, il est impossible d’isoler strictement des personnes infectées. De plus, notre culture qui nous fait courir au chevet d’un proche dès que nous apprenons sa maladie aggrave encore les risques de contamination en chaîne.

Que faire alors?

Pour réduire encore la pression sur les hôpitaux et éviter la propagation sur les réseaux sociaux d’images dégradantes, tant pour les malades offerts en spectacle que pour le pays, les autorités devraient envisager la transformation des mosquées, dans les villes et les campagnes, en structures provisoires de santé.

Les patients positifs dont les symptômes ne nécessitent pas de soins intensifs seraient confinés dans une mosquée de leur quartier. Ils seraient ainsi isolés, mais proches de leur milieu familial et passeraient quelques jours dans un lieu relativement confortable, équipé de sanitaires, et spirituellement réconfortant. Les pratiquants pourraient y accomplir les cinq prières quotidiennes dans un collectif.

Comme il existe souvent plusieurs mosquées dans le même quartier, il serait facile de créer des lieux d’accueil séparés pour les hommes et les femmes ou pour d’autres catégories de la population comme les jeunes et les personnes âgées.

Les autorités civiles locales devraient avoir la pleine responsabilité de la gestion des mosquées-hôpitaux. Les communes, premier échelon de la démocratie représentative, devraient assumer l’approvisionnement des patients. Pour cela, elles utiliseraient leurs ressources budgétaires, recevraient des subventions de la région et de l’Etat et feraient appel aux dons des citoyens et bienfaiteurs. Là où c’est possible, les communes pourraient impliquer des associations citoyennes dans cette responsabilité.

Les autorités de santé auraient la responsabilité de l’encadrement médical. On pourrait imaginer une présence permanente d’infirmiers sur place et le passage quotidien d’un médecin. Seuls les patients dont les symptômes s’aggravent seraient transférés vers les hôpitaux.

L’auteur sait que la mise en œuvre de cette recommandation peut soulever des problèmes. Par exemple, faudrait-il contraindre les personnes infectées à séjourner dans une mosquée ou les laisser choisir leur lieu de confinement? Faudrait-il prendre en charge le confort des patients, comme la literie et l'alimentation, ou leur laisser ainsi qu'à leur famille cette charge?

Comme toujours, le diable est dans les détails, mais l’enjeu est beaucoup trop grave pour écarter cette piste avant examen. Il n’est pas interdit d’expérimenter la formule dans quelques quartiers pendant deux ou trois semaines, avant de la généraliser sur le territoire national. Et puis, la dynamique de la pandémie permet de convertir les mosquées en structures sanitaires au fur et à mesure des besoins.

Comme les spécialistes ne voient pas arriver sur le marché un vaccin ou un traitement miracle avant plusieurs mois, dans le meilleur des cas, le pays doit organiser une résistance dans la durée et mobiliser tout son potentiel.

Le Maroc compte 52.000 mosquées, dont une ou deux dans chaque commune rurale. En supposant qu’une mosquée puisse héberger 20 personnes, chiffre très minoré pour les mosquées urbaines, cela ferait un potentiel d'un million de lits (oui, vous avez bien lu) disponibles en quelques jours.

En activant ce potentiel, le Maroc montrerait qu’il est capable d’innover, dans la deuxième phase de gestion de la pandémie et redonnerait aux Marocains la fierté éprouvée dans la première phase.

Par Hamid Bouchikhi
Le 22/08/2020 à 16h30

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A casa ,la clinique mutualiste de la rue Murdoch est fermée depuis des années.Voilà un endroit disponible ! Quand je pense que la CNOPS nous a fermé au nez la clinique,le centre de diagnostic ,et le laboratoire d'analyses médicales ,nous petits employés et retraités !!!!!!

Isolé, isolé et isolé ce sera plus sage que ce soit dans les hôtels qui disposent déjà de lits et d’infrastructures adéquates on a pas besoin d’un million de lit Allah yahfadna A mon humble avis informé et appliqué la distanciation sociale et le port du masque!!! Au maximum trois semaines suffiront pour réduire la pression sur nos hôpitaux

Bravo j'approuve l'idée de ce grand Monsieur. Au plus vite la réalisation au plus c'est mieux.

C'est une bonne idée a premier vue, Mais bonjour les sectes et l’endoctrinement...

Ce monsieur divague...s'il n'accorde aucune importance au culte sacré des cinq prières quotidiennes c'est son affaire mais qu'il vienne proposer de priver des millions de croyants de leur seul havre de paix et de quiétude en ces temps difficiles on ne peut que se poser des questions sur la nature de son référentiel idéologique..les centaines d'hôtel à l'arrêt ces jours-ci peuvent très bien faire l'affaire..mais non..c'est plus facile de s'attaquer aux mosquées..parce qu'elles ne servent à rien..n'est-ce pas monsieur le doyen ?

Une excellente idée ! Sachant que les mosquées sont plus nombreuses que les hopitaux, dispensaires, ecoles et hopitaux. Pour les islamistes ils devraient comprendre une fois pour toutes que DIEU est omniprésent partout,et qu'ils nous fichent la paix avec leur hypocrisie sachant qu'ils ont tout appris à l'envers quant à notre religion qui est l'Islam.

Puisque l'enseignement sera "à distance" la liste des endroits pouvant accueillir les contaminés pourra être élargie aux écoles, internats, cités universitaire, maisons de jeunes... etc. Mais, je crains fort qu'il y a aussi une insuffisance au niveau du personnel soignant.

Et pourquoi pas mettre une croix à l'entrée de chaque mosquée!!! Les mosquées ne sont pas des lieux vides et ne sont pas des hôpitaux. Je pense ,avec modestie,que l'innovation est autre chose que ça .

A priori, c'est une très bonne idée qui pourrait transformer complètement notre façon d'appréhender cette pandémie.j'espere une réactivité rapide de la part des responsables

Bonjour, Il a raisons à 100%?, c'est sûr que les gents manifesteront une grande solidarité, surtout du couscous et du pain chaque jour pour les pauvres.

Je trouve cette idée ingénieusement pratique et surtout efficace!!! A QUAND LA RÉALISATION????

voilà une bonne idée , pourquoi pas, on verra si les barbus seront d'accord ou non,le Maroc a besoin de tous ces ressources, il y a plus de mosquées que d'hôpitaux au Maroc, c'est une question de bon sent , est surtout en harmonie avec nos croyances et l'islam,

Bravo, bien pensé, il suffit qu'on soit capable de prendre cette décision...

ALLAH AKBAR ! FANTASTIQUE! Là ou se trouve l utilité réside la chariaa.Le malade serait dans un espace reposant physique et spirituel proche des siens.Pour le medecin la tàche est facilitée de meme que pour les infirmiers ainsi que les aides materielles des proches et des bienfaiteurs Cela révelerait à toute L HUMANITÉ les secrets des bienfaits de notre religion L ISLAM.

Bonjour. J'ai lu votre article avec beaucoup d'intérêt. Si la plupart de nos concitoyens n'ont pas la possibilité de s'isoler convenablement chez soi, l'idée de transformer les mosquées en centre d'isolement me paraît un peu prématurée en ce sens que le ministère de la santé devrait penser à réquisitionner les internats existants dans chaque ville. Ces ensembles dotés de structures sanitaires et de restauration sont plus faciles à utiliser que les mosquées sans parler de la valeur spirituelle de ces lieux. Le personnel travaillant dans les cuisines de ces internat pourrait être également mis à contribution. Je suis certain que nous avons plus de place dans les internats qu'il n'en faudrait à condition que les différents ministères acceptent de travailler la main dans la main.

pas mal comme idée..entièrement d'accord..

D'autant plus que ce mosquées sont fermées aux prière collectives elles accompliraient une tâche de bienfaisance. Leur caractère sacré favoriserait la participation des croyant de récolter l'aumône et loctroyer à l'approvisionnement des es mosquées en équipements et nourriture de même qu'en bénévoles pour prodiguer les soins au malades.

Excellente idée. A creuser.

Les dernières recherches effectuées à Singapour présentent deux formes de virus Covid-19. Le premier, Covid-19 classique est virulent et nécessite des soins avancés ou intensifs. La deuxième souche du Covid-19, génétiquement muté, est un virus moins agressif: les patients infectés par cette deuxième souche ne nécessitent pas de soins hôspitaliers. Les laboratoires marocains doivent d´urgence développer des tests afin d´identifier la souche du virus en question. Ceux touchés par le Covid-19 classique seront triés et sous observation approchée (pas nécessairement à l´hôpital) et ceux infectés par la deuxième souche moins virulent du Covid-19 seront dirigés vers les mosquées.

Waouh quelle innovation.... laissons plutôt la solution des hôpitaux de campagnes ou des stades à la rigueur loin des quartiers denses... les mosqués pas une bonne idée.

Une idée excellente ! Sur le plan logistique, il suffit de lits Made In Morocco pour activer l´industrie marocaine et ajouter les lits aux masques et aux respirateurs. Sur le plan stratégique, la majorité des patients n´ont besoin que de soins de base et la mosquée est un lieu idéal.Sur le plan sanitaire isoler les patients dans un lieu calme, réduire la pression sur nos hôpitaux et économiser de l´argent est idéal. Nous avons aussi des églises et des synagogues au Maroc pour les citoyens qui le désirent. Espérons que Mr. le Ministre des Habous réagisse d´urgence. Ce sera une première dans le monde entier. Avec leur espace, leur calme, leur situation de proximité les mosquées sont un patrimoine inestimable.

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