La tragédie d’Alep, en Syrie, risque-t-elle de se reproduire en Algérie? La réponse, hélas, est "oui". Et ce n’est surtout pas Pierre Defraigne, directeur général honoraire à la Commission européenne, qui dira le contraire. «L’Europe doit tirer des leçons de la tragédie d’Alep. Et elle doit le faire vite parce qu’une nouvelle crise menace dans son voisinage immédiat: l’Algérie, 40 millions d’habitants, attend en effet la mort clinique du Président Bouteflika, ce dernier étant en réalité hors d’état de régner depuis plusieurs années», a-t-il averti, dans une tribune publiée dans le journal «La Libre Belgique».
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«La succession de Bouteflika va activer le conflit fondamental qui sourd en Algérie depuis trente ans entre les islamistes, soutenus par l’Arabie Saoudite, et les militaires qui ont confisqué la révolution et gouvernent en cumulant corruption, impéritie et répression», diagnostique Pierre Defraigne. «Le risque d’implosion et de guerre civile est, hélas, très sérieux», a-t-il asséné.
Le diagnostic, voyez-vous, est sans appel. Maintenant, que peut faire l’Europe, ou encore le Maghreb, face à ce risque imminent d’implosion en Algérie? «L’Europe pourrait-elle l’empêcher? Si elle n’y parvient pas, le Maghreb sera profondément déstabilisé et le problème des réfugiés se posera de façon bien aiguë encore, en raison du nombre, de la proximité et de la langue. Schengen pourrait cette fois ne plus y résister et avec elle l’unité de l’Europe», analyse Pierre Defraigne, également directeur éxécutif du Centre Madariaga-Collège d’Europe.
Epinglant ce qu’il appelle une «défection» de l’Europe face à la tragédie d’Alep, après celle d'Irak, il estime que le Vieux continent «ne doit plus cette fois se laisser confronter à un nouvel Alep qui aurait pour cadre Constantine, Oran ou Alger». «Pour prévenir ce désastre à ses portes et pour restaurer son crédit perdu vis-à-vis du reste du monde et notamment la Chine, l’Europe doit impérativement se doter d’une défense commune par unification des forces armées existantes de ses Etats-membres dans le cadre de l’OTAN».
Alger, la grande fuite en avantLa sortie de Pierre Defraigne a eu l’effet d’un séisme à Alger. La comparaison entre l’Algérie et la Syrie n’a pas été du goût des apparatchiks algériens qui ont «réagi» par la voix de leur ambassadeur à Bruxelles, «l’ami du peuple sahraoui», Amar Belani. Sauf que la réaction, au lieu de répondre aux inquiétudes européennes et maghrébines, s’est révélée être une grande fuite en avant. Dans une réponse adressée au journal belge, monsieur Belani, qui s’est forgé cette piteuse réputation d’avocat des «causes perdues», a accusé l’auteur de cet article-vérité de «recycler les fantasmes néocolonialistes colportés par certains canards hexagonaux, eux-mêmes abreuvés de sornettes vaseuses distillées par un quarteron d’opposants algériens revanchards bien au chaud de l’autre côté de la Méditerranée».
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Vous avez bien lu! Rien de nouveau, en dehors de ces anathèmes misérablement tiers-mondistes servis à longueur de décades par la dictature algérienne.
Pour Amar Belani, l’auteur ne connaît pas la situation algérienne. «Il ignore certainement que l’Algérie (…) qui a mené il y a plus d’un quart de siècle sa propre guerre contre le terrorisme et l’extrémisme violen, dont elle en est sortie victorieuse, a tourné définitivement cette page sombre de son histoire pour s’engager résolument dans un processus démocratique irréversible, garantissant la stabilité du pays, le fonctionnement normal et ordonné des institutions de la République, le développement économique et la justice sociale».
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