«Le sommet africain, tenu dimanche sous le thème “faire taire les armes“, a pris la décision de réinscrire la question sahraouie dans l’agenda de la Commission Paix et Sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA)». Voilà ce que claironne Smaïl Chergui, président de la CPS, dans une dépêche publiée hier par l’agence officielle algérienne APS. Cette piètre tentative de faire passer un revers diplomatique en victoire en dit long sur le désespoir du fonctionnaire algérien. Sur le départ des instances de l’organisation panafricaine, il veut faire croire qu’il finit son double mandat sur une belle réussite pour la «cause sahraouie», clé de voûte pour une évolution de carrière dans le sillage du régime vert-kaki. Mais, en réalité, c’est la queue entre les jambes, le visage marqué par les gifles assénées par ses confrères diplomates qu’il retourne dans son pays, où il ne sait pas à quel sinistre destin il devrait s’attendre.
La décision au sujet de la reprise en main de l’affaire du Sahara de la CPS que l’Algérien tente de vendre à ses concitoyens n’existe que dans ses rêves. L’Union africaine n’a même pas encore rendu publiques, sur son site, la déclaration et la décision sanctionnant ce 14ème sommet extraordinaire, tenu par visioconférence le 6 décembre. Chergui a cherché, tout au long du processus de préparation de cette documentation, à intégrer des passages traitant du conflit du Sahara, allant jusqu’à défier toutes les règles et procédures de l’UA.
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Dès la remise du premier projet de rapport de l’Algérien, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA a dégainé le stylo rouge pour expurger les passages hostiles au Royaume. L’insistance de Chergui - qui n’a pas tenu compte des instructions du président de la Commission de l’UA - à présenter de nouveau les mêmes extraits devant le Comité des représentants permanents, lui a valu les remontrances de ses confrères diplomates. Sa 3ème tentative de maintenir ces passages fantaisistes sur le Sahara dans la traduction française des projets de déclaration et de décision, a fait de lui la risée des traducteurs et autres fonctionnaires du siège de l’Union à Addis-Abeba…
Smaïl Chergui n’a pas été désespéré de voir ses passages sur le Sahara - qui ne servent que l’agenda algérien - jetés à la poubelle durant le processus de rédaction de la documentation officielle. Telle une hyène, celui que l’on surnomme à l’UA le scavenger (charognard) s’est accroché à ses élucubrations lors de ses présentations orales devant le Comité exécutif réunissant les ministres des Affaires étrangères (mercredi 2 décembre), puis durant le sommet des chefs d’Etats et de gouvernements (dimanche 6 décembre), sachant très bien qu’elles ne seront pas retenues dans la déclaration définitive.
En manque de tribune dans les arcanes de l’UA, il ne restait à Chergui que les forums des médias algériens pour continuer de claironner comme un naufragé du désert «occupation et référendum du Sahara occidental». Pour mieux emballer son mirage, il s’appuie sur les déclarations du premier ministre du Lesotho. Ce que Chergui et l’APS se sont gardés de dire c’est que la déclaration du premier ministre du Lesotho fait partie d’une trentaine d’interventions, majoritairement soutenant la position marocaine. Donner à lire la déclaration du Lesotho comme si ce pays était le porte-plume de la décision de l’UA est une manœuvre aussi erronée que stupide et qui doit bien faire rire parmi les délégations des Etats membres de l’UA.
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Dans sa tentative de désinformation, Chergui se permet même d’attribuer au président en exercice de l’UA des propos qu’il n’a jamais tenus. Le Sud-africain Cyril Ramaphosa n’a pas du tout affirmé que «la résolution de la question sahraouie passe par le respect du droit de son peuple à l'autodétermination», comme le prétend l’Algérien. Selon les minutes du sommet que Le360 a pu consulter, le président de l’Union s’est contenté d’appuyer la position du président de la Commission. Moussa Faki Mahamat a d’ailleurs donné une réponse aussi directe que concise au traitement de ce conflit régional provoqué au Sahara. «Dans mon rapport à la page 12, dans la version française, j’appelle à la revitalisation du mécanisme de la Troïka et encourage le CPS au niveau des chefs d’Etats à apporter toute la contribution attendue de l’Union africaine en appui aux efforts des Nations unies, en conformité avec la décision 693 adoptée au sommet de Nouakchott», a-t-il déclaré durant le sommet.
Cette décision 693 ne laisse aucune ambiguïté quant à l’exclusivité du cadre de la discussion du conflit du Sahara. Elle instaure «un mécanisme africain comprenant la Troïka de l'UA, à savoir les présidents sortant, en exercice et entrant de l’UA, ainsi que le président de la Commission, pour apporter un soutien efficace aux efforts conduits par les Nations unies et ce, en encourageant les parties à faire preuve de flexibilité, en mobilisant un appui aussi large que possible aux efforts que mènent les Nations unies et en réfléchissant, en étroite consultation avec les Nations unies, sur le contenu du compromis souhaité».
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C’est cet alinéa de la décision 693 qui reste en vigueur et auquel les chefs d’Etats et de gouvernements adhèrent encore. Et ce sont les conclusions du président de la commission de l’UA ainsi que du président de l’UA qui apparaitront dans la décision quand elle sera rendue officielle et non pas la déclaration du Lesotho qui, faut-il encore le rappeler, fait partie d’une trentaine d’interventions qui soutiennent, à l’exception de l’Algérie et de quelques pays d’Afrique australe, la décision 693.
C’est en totale contradiction avec le projet de décision qui a échappé à toutes les manœuvres du scavenger, et qui a été conforté par les conclusions de Faki Mahamat et de Ramaphosa, que l’agence officielle de presse algérienne (APS) cherche à faire croire à son adoption qu’il «demande au Conseil Paix et Sécurité de l'UA conformément aux dispositions pertinentes de son protocole d'engager les deux parties (…) de remédier à la situation (sur le terrain) en vue de préparer les conditions pour un nouveau cessez-le-feu et de parvenir à une solution durable au conflit qui prévoit l'autodétermination au Sahara occidental». Il ne s’agit en fait que de l’un des extraits pour lesquels Chergui s’est battu en vain, dans l’espoir de les incruster durant ce somment. Mais cet extrait ne figure en aucun cas dans la décision de l’UA.
D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que l’APS se lance dans ce genre d’intox, avec la complicité de hauts dignitaires algériens. Pas plus tard qu’en septembre dernier, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme à Genève a dû réagir officiellement pour mettre «en lumière des informations fallacieuses concernant l'Algérie» après la publication par l’agence algérienne «d'un certain nombre d'articles déformant le fonctionnement du système des Nations unies». L’indécence du régime algérien n’a aucune limite.