Le dialogue social, on le sait, est bloqué après l'annonce du boycott des prochains rounds des négociations par les centrales syndicales les plus représentatives. L'Union marocaine du travail (UMT), l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Confédération démocratique du travail (CDT) ont opposé un "non" catégorique à l'offre du gouvernement. Elles ont clairement dit, via des communiqués, qu'elles claquaient la porte du dialogue social.
Même le bras syndical du parti menant la coalition gouvernementale, l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), un temps hésitant, a pris ses distances vis-à-vis de l'Exécutif, en se positionnant du côté des autres partenaires sociaux. En optant (à contre-coeur?) pour cette position, la direction de ce syndicat, pourtant réputé proche du PJD, a voulu s'éviter l'ire de ses militants, également mécontents de l'offre gouvernementale.
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Interviewé par le site officiel du Parti de la justice et du développement (PJD), le conseiller du chef du gouvernement chargé des questions sociales, Abdelhak El Arabi, a adopté un ton pessimiste en évoquant les négociations entre le gouvernement et les syndicats. Il ne se fait guère d'illusion quant à la reprise des négociations entre l'Exécutif et les partenaires sociaux.
"Le gouvernement, a-t-il dit non sans dépit, a fait deux pas en avant, mais les syndicats n'ont pas donné, jusqu'à présent, des signes positifs". Et comme pour confirmer le malaise né de ce "dialogue des sourds", ce responsable ajoute : "il est difficile de répondre aux revendications des syndicats".
Abdelhak El Arabi a rappelé, dans son interview avec le site de son parti, l'offre proposée par le chef du gouvernement lors de la dernière rencontre avec les syndicats: "400 dirhams d’augmentation pour les fonctionnaires classés de l’échelle 5 à l’échelle 10 -échelon 5-, étalée sur trois années, 200 dirhams à compter de janvier prochain et 100 dirhams en 2020 et autant une année plus tard, au lieu de 300 dirhams dans l’offre précédente".
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Les syndicats ne veulent pas entendre parler de cette offre. Il réclament une hausse du SMIG sur la base d’un seuil minimum de 3.000 dirhams et une hausse généralisée (concernant aussi bien le secteur public que privé) des salaires inférieurs à 5.000 dirhams. Ceci sans parler de la réforme du Code de travail, qui piétine depuis belle lurette.
Saâd-Eddine El Ohtmani, qui avait fait de la réussite du dialogue social son cheval de bataille dès son arrivée au gouvernement, n'est vraiment pas dans une situation confortable en ce moment. Tant des risques de grèves se profilent...