C’est un chiffre que des parlementaires ont brandi pour critiquer l’action du gouvernement dans le cadre du dialogue social. La critique se transforme aujourd’hui en véritable polémique qui dépasse la Chambre des conseillers ou l’Exécutif.
Dans son édition du vendredi 6 décembre, Assabah revient sur la réaction du ministre en charge du budget, Fouzi Lekjaa, après son passage devant les conseillers. Les représentants de l’opposition et des syndicats l’ont alors interpellé sur le dialogue social qui «coûte à l’Etat 45 milliards dirhams, soit moins que les 50 milliards de dirhams que coûte la corruption». Pour Fouzi Lekjaa, il n’est pas question de laisser circuler ce genre d’information. D’après Assabah, le ministre a défié publiquement «les personnes qui font circuler ces chiffres» d’expliquer comment ils évaluent le coût de la corruption.
Pour le journal, la réaction du ministre est une sorte de «gifle» adressée à l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), qui avait annoncé ce chiffre dans un rapport en 2023. En défiant «ceux qui font circuler» ces données, Fouzi Lekjaa demande donc indirectement des comptes à l’INPPLC.
Ce n’est pas la première fois qu’un ministre du gouvernement actuel se montre virulent envers l’INPPLC. Avant Fouzi Lekjaa, c’était le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui s’était montré critique envers cette instance. Le groupe parlementaire du RNI, parti du chef du gouvernement, s’était également retiré des débats lors de la séance parlementaire dédiée à la discussion du budget de l’instance. Si l’on connait précisément ce qui est réellement reproché à cette dernière, ainsi qu’à son président Bachir Rachdi, Assabah évoque une question liée aux accusations adressées à certaines institutions et établissements publics, sans pour autant qu’elles ne soient réellement prouvées.
Quoi qu’il en soit, cette polémique au sujet du coût réel de la corruption est loin d’être terminée, tant il semble qu’elle soit devenue un argument brandi par l’opposition pour dénigrer les budgets que peut parfois consacrer le gouvernement à certains dossiers. Mais elle n’a cependant pas empêché le ministre du Budget de poursuivre sa présentation devant les conseillers mercredi dernier, pour expliquer l’enveloppe consacrée par le gouvernement au volet social. Il a dans ce cadre fait remarquer que ce budget a fortement augmenté.
Les 45 milliards consacrés au dialogue social ont ainsi permis d’augmenter de 3.800 dirhams le salaire des médecins, de 3.000 dirhams celui des enseignants du supérieur et d’un montant compris entre 1.500 et 4.800 dirhams celui des fonctionnaires du ministère de l’Education nationale.
Le coût des initiatives sociales du gouvernement représente en réalité 100 milliards de dirhams, incluant les 45 milliards du dialogue social, mais aussi d’autres programmes comme celui du soutien à l’habitat, au relogement des habitants des bidonvilles, ou encore au manque à gagner fiscal de la baisse de l’impôt sur le revenu.