Le panorama sublime du massif enneigé du mont Toubkal incite, en cette période de l’année, les Marrakchis à gravir la montagne pour une excursion, un cours de ski ou la découverte des cascades des vallées du Haut Atlas.
Mais ces derniers temps, le front de neige est perceptible au pied de la montagne. À Ourika, et plus exactement à la commune rurale de Setti-Fatma, l’on aperçoit les premiers flocons de neige de l’année. Des habitats en pisé sont recouverts de grosses couches de neige et les températures oscillent entre 5 degrés la journée et -5 le soir.
«Ça vient un peu tard, mais Dieu merci, on ne refuse jamais des précipitations», lance Brahim, visiblement emballé par les particules de glace qui viennent lui caresser le visage.
Pour les habitants, l’arrivée de l’hiver rime avec le retour du froid. En plus des conditions météorologiques extrêmes, ce climat «glacial» qui pour l’heure demeure supportable est redouté pour ses multiples implications au quotidien (problèmes de transport, impact sur la vie économique…).
Face à la baisse des températures, le chauffage est de loin la priorité. Pour faire monter le mercure, les habitants privilégient toujours le chauffage au bois. Cette matière organique, collectée dans les immenses territoires boisés de la province d’Al Haouz, est acheminée vers les différents douars à dos de mulet.
«En général, on achète la prise à 70 DH. Et généralement, elle couvre nos besoins en chauffage pour une semaine», confie Mohamed, un père de famille.
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Avec l’inflation, l’accès au bois combustible s’avère de plus en plus délicat pour ces citoyens enclavés. «Le coût élevé du chauffage peut être un fardeau pour beaucoup de ménages à faible revenu», ajoute Mohamed. Les autorités sur place veillent, pour leur part, à la disponibilité de cette ressource sans laquelle il serait impossible de vivre en montagne.
Autre préoccupation majeure des habitants de ces zones montagneuses, l’interruption de la route qui lie Setti-Fatma à son arrière-pays, qui compte près d’une vingtaine de douars.
«En partant d’ici (Setti-Fatma, ndlr), il faut compter 12 kilomètres pour arriver au premier douar et près de 20 kilomètres pour parvenir au dernier», explique Brahim, sur son chemin vers la maison.
En hiver, le parcours est tellement éprouvant que très peu de véhicules s’y aventurent.
Face à la réalité sociale qui régit cette région montagneuse, en particulier en période de froid intense, l’esprit de solidarité et le sens de la communauté qui y persiste jouent un rôle clé dans le maintien d’un mode de vie viable dans ces contrées isolées du reste du monde.